Tout d’abord, l’écume des choses : soit le sujet de CNN. Qu’adviendrait-il si des tirs ou un attentat provoquaient le décès de Donald Trump et de son vice-président, Mike Pence ? C’est le genre de question qu’un auditeur lambda peut poser. Pourquoi pas ? CNN a estimé idoine d’anticiper cette interrogation (on va l’écrire ainsi…). Réponse : Obama ne fait pas un coup d’État (ce que des partisans de Trump n’ont cessé de seriner alors que s’envenimait la campagne). Mais il nomme une sorte de chargé d’affaires, vraisemblablement un démocrate. Je ne sais sur quoi se fonde ce type de spéculation (en France, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim), mais les fans de Trump, si.

Simplement sur le fait que CNN espère énormément que cela se produise et la chaîne serait même disposée, selon eux, à commanditer le crime. On pourrait en sourire. Je ne vous en entretiens qu’en raison d’un détail insidieux. Sur YouTube, un certain Donnie Brasco a créé un profil ‘’Donnie Brasco – Les Deplórables’’. Sic, puisqu’en anglais, Deplorable est un adjectif, qui fut utilisé par Hillary Clinton pour qualifier l’électorat de Trump, que ce ó accentué de l’espagnol (employé notamment entre deux chiffres ou nombres) se conçoit mal sans un ‘’los’’ (comme dans ‘’la rebelión de los deplorables’’) et que, bien sûr, la presse anglophone ayant remarqué ce commentaire a parfois rectifié en (fr) ‘’Les Déplorables’’.

Dans un récent article de Slate (‘’Lost in Trumpslation’’), une consœur traductrice, Bérangère Viennot, analysait le vocabulaire étique — riquiqui, quoi — de Donald Trump et concluait que son emploi ne relevait pas d’une stratégie : ‘’il est évident que son vocabulaire limité traduit une pensée étriquée’’. Je lui laisse la paternité de cette appréciation, mais on relèvera que le milliardaire est bien en symbiose avec une large partie de son électorat, du moins, en ce domaine, et pour le moment.

Mike Judge, qui avait réalisé le film d’anticipation comique Idiocracy (un couple se retrouve prolongé dans un futur, en 2505, peuplé de niais), et son coscénariste, Etan Cohen, en sont venus à se demander s’ils n’avaient pas tourné un prémonitoire ‘’documentaire’’ visionnaire, tant leur président Camacho (chef d’État au QI semblable à ceux de ses électeurs) leur évoquait Donald Trump.

Lequel, après s’être vanté de créer plus d’emplois que dieu avait généré de prêtres, rabbins, pasteurs et religieux au fil des siècles, considère que son administration cumule le plus élevé quotient intellectuel de tous les temps, le sien pesant très lourd dans la balance… Son message est : nous allons nous concentrer sur l’essentiel, nettoyer le marais de Washington, ne pas perdre de temps à utiliser des mots français comme l’establishment qu’incarne Hillary Clinton. Reçu cinq sur cinq.

Clash à DeploraBall Corral

La nuit d’hier a été marquée par l’arrivée de Trump à D.C. et de multiples réceptions, concerts, manifestations… aux deux sens du terme. Ainsi, les partisans de Trump avaient organisé, dans le corral du National Press Club, un ‘’DeploraBall’’.

Ses organisateurs ont démenti avoir le moindre lien avec la alt-right (droite alternative ou ‘’extrême droite hors les murs’’), mais leurs opposants qui protestaient dehors les ont hués avant de les prendre à partie à leur sortie. Les ‘’déplorables’’ de ce raout dansant étaient plutôt des jeunes gens bien mis, certes quelque peu suprématistes blancs aux tempes, abonnés à des sites complotistes, mais on les croira sur parole. On ne déplore qu’un blessé léger de leur côté, des incommodés par les gaz dispersifs de la police de l’autre. Mais une chose est sûre, avant la prestation de serment de Donald Trump, la journée sera chaude, et après, la soirée risque d’être agitée… La déclaration du Donald à retenir d’hier soir : ‘’j’ai largement plus bossé que tous ceux qui m’ont précédé’’. Le 45e président des États-Unis saura aussi se montrer le plus modeste, c’est gagné d’avance. Aussi débonnaire qu'au Musée Grévin ? Pas sûr.