Cela peut paraître très présomptueux, pourtant, il y a de cela quelques années j'ai planché sur une tragédie passionnante : le naufrage du titanic. Le sujet est envoûtant bien que cette catastrophe ne fut pas la plus meurtrière et la plus spectaculaire, si l'on peut dire. Plus marin que scientifique, davantage pinailleur que chercheur, j'ai coupé les cheveux en quatre et comme dirait un bon ami : "j'ai eu la dent dure envers les évidences" Selon les innombrables recherches entreprises, toutes se focalisent sur un élément qui semblait primordial: la faiblesse supposée de la conception de la coque.

Lorsque Ballard localise l'épave en 1985 les esprits s'échauffent. Par la suite, l'amas de ferraille est passé au microscope et ce qu'il ressort de son examen, c'est une série de six incisions faites comme avec le fil d'un rasoir sur une longueur qui couvre le premier tiers avant du navire. Plus aucun doute dans les esprits scientifiques les plus éminents: la coque a fait l'objet d'une construction hâtive et négligée.

Fallait-il s'en tenir aux évidences ?

Je me suis pris au jeu de la recherche. Normalement l'écriture de mes romans nécessite un ensemble conséquent de recherches, d'enquêtes, de questionnements, un recoupement d'informations, une remise en question permanente. Et ce bouillonnement me prend environ un à deux ans avant de rédiger mon roman.

J'ai mis mon nez dans les archives des chantiers Harland & Wolff, j'ai compulsé les textes relatifs aux conclusions rédigées pour le compte de la Lloydes (compagnie d'assurances maritimes), j'ai étudié la composition chimique des aciers et du fer mis en oeuvre dans les chantiers irlandais. Indépendamment de ces enquêtes, je suis allé en Norvège pour côtoyer les peuples de la glace et du froid.

Et mon humble conclusion s'imposa à ma réflexion comme une évidence !

Et si la coque était sans défaut particulier et la glace pas seule et unique responsable... Cette focalisation concluant à la culpabilité trop évidente des chantiers et de l'architecte, me dérangeait un peu. J'ai intensifié mes recherches concernant les icebergs.

Ces monstres enfantés principalement au Groënland dans la baie de Cisko, peuvent être amenés à dériver jusqu'aux parages de Madeire. Colosses nonchalants, arrachés à la plus grande île du monde, ils entament alors un long voyage et, fait qui attira toute mon attention: ils charrient souvent d'énormes blocs de roche emprisonnés dans leur glace. Bingo !

L'étreinte fatale !

Selon mon humble réflexion, ici brièvement résumée, le Titanic a heurté une roche tranchante emprisonnée dans un iceberg. Mon roman (cité en liste de la bibliographie Wikipédia traitant du navire), m'a permis d'être admis parmi les membres de l'association Titanic & Nautical Resource Center, un organisme qui collecte toutes les informations et recherches spécifiquement liées au naufrage. Méfions nous des évidences !