Le playboy de feu Hugh Hefner a toujours eu une réputation de magazine salace, mais la création de l’icône pop qui vient de s’éteindre à 91 ans recelait bien des surprises qui n’ont presque rien à voir avec les femmes aux poitrines opulentes…

En effet, au fil des années de succès, la publication culte a abrité en son sein de grands auteurs, couvrant ainsi différentes époques et styles.

Commençons par celui qui a remporté à trois reprises le prix Pulitzer : Norman Mailer. L’homme est clairement l’un des auteurs américains les plus éminents, et il en a fait profiter le ‘Playboy’ de décembre 1976.

Histoire de donner encore plus de prestige au magazine… Sa nouvelle, "Trial of the Warlock", est d’ailleurs souvent jugée comme l'une des meilleures publiée dans la revue. Ce numéro comprenait aussi un portrait de David Bowie et une interview d’O.J Simpson.

Hugh Hefner fit aussi confiance en Ray Bradbury, pour une version sérialisée de ‘’Fahrenheit 451’’, éditée pour les numéros de mars, avril et mai 1954. Bradbury a également apporté du contenu original, en 1956 par exemple, pour "The First Night of Lent". L’écrivain américain fut interviewé le temps de quelques feuillets.

Gabriel García Márquez, de façon étonnante, fit aussi partie de l’aventure érotique. L’auteur de chefs-d'œuvre tels que ‘’Cent ans de solitude’’ ou ‘’L'amour au temps du choléra’’, a écrit une nouvelle intrigante pour Playboy en 1971.

“The Handsomest Drowned Man in the World” suit les effets que provoque la vision du cadavre d’un bel homme sur la population d’un village…

Le célébrissime auteur pour enfants Roald Dahl fit ses débuts ‘’adultes’’ dans la revue, par le biais de la nouvelle " The Visitor ". Il s’agissait d’une exploration du "plus grand fornicateur de tous les temps", qui servit de base à ‘’My Uncle Oswald’’, son seul roman pour public averti.

Margaret Atwood, dont le ‘’The Handmaid's Tale’’ a récemment donné lieu à une adaptation télévisée récompensée par le public et la critique, était régulièrement publiée par les soins de Monsieur Hefner. Parmi ses créations, citons "The Bog Man" en 1991, "The Bad News" en 2006 et "The Age of Bottleneck" en 2008.

Kerouac et Murakami ont aussi fait partie de l’aventure Playboy

Haruki Murakami, l'auteur japonais vivant le plus populaire, a aussi eu l’honneur d’écrire une histoire pour Playboy. ‘’The Second Bakery Attack", publié pour la première fois en 1985, commence par un homme qui raconte à son épouse une attaque qu'il a faite avec ses amis sur une boulangerie quand il était plus jeune. Le tout continue par une "deuxième" attaque, contre un McDonald's.

Avant que Jack Kerouac ne parte sur la route et explore les Etats-Unis, il y eu "Before the Road". Cette nouvelle, qui a été imprimée dans la publication mensuelle, sortit quelques années après la sortie de son roman-culte, en 1957. Il a aussi écrit d'autres histoires pour le magazine, comme "Good Blonde".

Kurt Vonnegut aussi est un auteur habituel de Playboy, et ce depuis le début des années 1970. L’illustré a imprimé un extrait de ‘’Armageddon in Retrospect’’, sa collection de récits et d'essais, publiée après sa mort en 2007.

La liste de ces grands noms comprend de même Gore Vidal, qui écrivit "Sex Is Politics" pour le numéro de janvier 1979. Il s’agit d’un essai sur la façon dont les attitudes sexuelles d'une société donnée reflètent la politique de celle-ci. L'essayiste y explore les notions d’hétéro-normativité et de patriarcat.

N’oublions pas Joseph Heller, qui eut le prestige de voir sa nouvelle "Yossarian Survives" sortir en 1987 dans le périodique aux oreilles de lapin. Le tout fut présenté comme un chapitre perdu de son roman ‘’Catch-22’’.

Last but not least, nous ne pouvons passer à côté du créateur de James Bond, un homme dont le nom est associé à Playboy de façon instinctive : Ian Fleming. Sa nouvelle "The Hildebrand Rarity" y fut bien entendu publiée. En 1963, ‘’On Her Majesty's Secret Service’’ eu l’honneur d’y paraître sous forme d’extraits pendant plusieurs mois.

Cette jolie galerie de noms et prénoms nous rappelle que Hugh Hefner n’était pas qu’un amuseur public, et que son univers allait bien au-delà du frivole… Au revoir, monsieur !