L'univers étendu de DC Comics a pondu son film charnière qui devra donner le la aux futurs productions cinématographique de la société. Comme à l'accoutumé, le film à reçu une vague de critiques négatives, parfois justes mais très souvent injustes.

Avis à ceux n'ayant pas vu le film, cet article contiendra de légers spoilers !

L'ombre de Marvel

Le MCU (Marvel Cinematic Universe) a débuté en 2008 avec la sortie d'Iron Man en salle. Le DCEU (DC Extended Univers), lui, s'est dévoilé en 2013 à la sortie de Man of Steel. Marvel a mit en place le projet d'univers cinématographique étendu bien avant DC.

Ce dernier souffre indubitablement de la comparaison avec la firme rivale. Ce qui est terrible pour le DCEU est que le MCU a formalisé le film de super héros. Warner Bros initie son univers étendu par un Man of Steel et un Batman v Superman aux teintes très sombres. Cet univers maussade a été fortement critiqué. Cette obscurité est l'essence même des comics DC depuis une trentaine d'année, est-ce un point faible ? Non. Incassable de Night Shyamalan, un film inspiré des comics américain, l'a-t-il empêché d'être considéré comme un chef d'oeuvre malgré sa vision terne de l'héroïsme ? Non. Berserk de Kentaro Miura, pour rester dans la bande dessinée, a-t-il eu des détracteurs pour son univers dark fantasy extrêmement violent ?

Evidemment que non. Ce flot de critiques négatives ont malheureusement façonné une nouvelle direction pour le DCEU.

A coup de reshoots et de modifications de scénarios, Warner a littéralement charcuté sa poule aux oeufs d'or pour qu'elle soit semblable à ce que Marvel produit. Le premier film de cette lignée est Suicide Squad de David Ayer.

Sorte de sous Gardien de la Galaxie, le long métrage réunissant une bande de vilain pas si vilain que ça a perdu bon nombre de séquences essentielles dans le montage final. Ampli d'un humour qui peine à convaincre, le film s'est naturellement fait détruire par la critique. Le film qui ne manque cependant pas d'être divertissant, doit son impopularité à sa ressemblance à un film du MCU.

Le dernier né du DCEU, Justice League, souffre lui aussi de ce virus dans des proportions encore plus grandes. Zack Snyder ayant perdu sa fille durant le tournage dû se faire remplacer par Joss Whedon, le réalisateur du premier Avengers. La décision de la Warner souligne leur ambition de se rapprocher de Marvel. Grave erreur. La patte de Joss Whedon se sent dans le film. Whedon a voulu faire un Avengers à la sauce DC en incorporant des séquences humoristiques balourdes. Le film, s'il reste bon, aurait pu être mieux sans lui et si la Warner avait tenu sa ligne directrice.

Malgré la formalisation du film de super héros par Marvel, le DCEU souffre aussi de son retard. Batman v Superman, deuxième film de l'univers cinématographique DC, a eu pour objectif d'annoncer l'arrivée de Justice League.

En l'espace de 2h30 (3h dans la version complète du film), le long métrage dû présenter tous les enjeux du DCEU. 2h30 c'est peu, le film a eu comme impératif de s'empresser de présenter tout ces éléments tout en racontant une histoire. La Warner n'a pas prit son temps par peur d'être davantage en retard. Ce défaut ampute le film d'être reconnu à sa juste valeur. Cependant, malgré sa hâte, le DCEU ne compte pas bâcler son développement en se rattrapant dans les prochains films et en annonçant de nouveaux éléments perturbateurs.

La question de la fidélité et du développement

En écartant l'influence de Marvel et en se concentrant sur les films en tant que tels, les journalistes et des personnes se prétendant fan de comics, n'ont pas eu la main tendre avec le DCEU.

Cet univers étendu, comme toute adaptation, se doit de ne pas décevoir les adulateurs de l'oeuvre tout en produisant un récit qui se doit d'être compréhensif pour les spectateurs ne connaissant pas l'oeuvre de base. En cela, le DCEU semble décevoir.

"Le DCEU n'est pas fidèle aux comics". Cette phrase que de nombreux "puristes" emploient à tord et à travers est une pure aberration. Le DCEU a été mit en place par un fan de comics (Zack Snyder) pour les fans de comics. On y retrouve énormément de références. Prenons en exemple Justice League. L'origine de la ligue est complètement calqué sur le premier tome de Justice League: Origin, mis à part que dans la bd c'est Darkseid qui fait son apparition, non pas Steppenwolf.

Outre l'histoire, le film est fournit de plusieurs références iconiques comme lorsque Batman tient la tête d'un paradémon en se balançant sur son grappin. Cette image fait clairement hommage à la couverture de la première apparition de Batman dans le Detective Comics #27 (voir image 1 et 2). Le DCEU pullule de référence à l'oeuvre d'origine, en cela il est très fidèle.

Cependant, les "puristes" dénigrent les personnages puisque soit ils sont moins bons que dans les précédents films, soit ils ne sont pas assez développés. Pour le premier cas, nous allons nous focaliser sur Batman et le Joker. Batman, joué par Ben Affleck, et le Joker, joué par Jared Leto, pâtissent de la comparaison avec Christian Bale et Heath Ledger, considérés par certains comme les meilleurs dans leurs rôles.

Affleck apporte une nouvelle version de Batman, plus vieux, plus sombre. C’est une version extrêmement proche de celui de The Dark Knight Return de Frank Miller. Il est sans aucun doute celui qui se rapproche le plus du comics. De plus, sa prestance transcende la caméra, une transcendance appuyé par des séquences épiques: L'introduction du chevalier noir dans Justice League est une des meilleures séquences jamais tourné avec comme protagoniste Batman. Cette séquence, comme le reste du film, transpire le comics. Le cas du Joker est plus complexe. Leto offre une version plutôt « bling bling », loin du sérieux prôné par Ledger. Le Joker du DCEU est un gangster à l’image d’aujourd’hui: Excentrique, superficiel, à la limite du kitsch, tout en gardant un grain de folie.

Pour le moment le Joker n’a fait que très peu d’apparition pour pouvoir juger complètement le personnage, néanmoins, de ce que nous avons pu visionner, Leto joue juste. Il a reçu plusieurs retours négatifs puisqu’il n’est pas à la hauteur de Ledger. Toutefois, il ne faut pas oublier que dans la bande dessinée américaine, il existe des milliers de versions du Joker et celui de Suicide Squad n’en est qu’une parmi tant d’autre. Ledger était excellent mais Leto, dans cette version actuelle du Joker, s’en tire avec les honneurs. Vous pouvez ne pas appréciez cette version sans pour autant renier le travail fait par l’acteur. De plus, il serait intéressant de voir la confrontation entre un Batman vieillissant et un Joker fougueux, une confrontation pimentée par l’assassinat de Robin par le clown en personne.

Du côté des personnages "non développés", nous prendrons le cas de figure de Steppenwolf. Grand méchant du dernier blockbuster de Warner, on lui reproche d’avoir peu de profondeur. Ce personnage du Fourth World de Jack Kirby n’a jamais été très développé et est considéré comme un des personnages les moins bien écrits de cette mythologie. L’arrivée de ce personnage dans le film ne dessert qu’a réunir la ligue, ce sont les super héros qui tiennent le film, pas le méchant. De plus, le choix de cet antagoniste est des plus judicieux. Darkseid est le vrai grand méchant, Steppenwolf est un faire valoir, il ne doit pas empiéter sur les plates bandes de son neveu. Comme méchant de transition, il remplit parfaitement son rôle.

Pour le manque de développement des protagonistes principaux, la réponse est simple. Les héros DC sont universellement connus. DC est de 20 ans l’aîné de Marvel, a commencé à produire des films bien avant la concurrence. Tout le monde connait Superman, Batman, Wonder Woman etc. La Warner, pour s’empresser de rattraper le rival, profite de cet élément en n’introduisant pas ou très rapidement les personnages. Ça a été le cas de Batman dans Batman v Superman, ce qui n’a pas provoqué de polémique étant donné que l’homme chauve-souris est renommé à travers le monde.

Injustice

Pour conclure, cet abattage médiatique et critique reste la plupart du temps injuste. Au fil du temps, cet acharnement se traduit par diverses rumeurs pour la plupart infondées.

Nous pouvons regretter que des franchises comme Fast and Furious ou Transformers continuent à prospérer et à exploser le box office alors que le DCEU ne cesse de se faire lyncher. Au final, ce ne sont que des blockbusters qui ont pour but de divertir, ce que font très bien les films tout en inculquant des thèmes forts. Marvel fait des productions très jouissives sans pour autant renouveler le cinéma mondial, pourtant personne ne se plaint.

Nous vivons dans une époque formidable où nous pouvons voir nos héros d’enfance sur grand écran alors au diable la prescription, profitons de ce que nous avons en laissant prospèrer ces oeuvres qui nous font tant rêver.