S'ils avaient été conquis, il n'y a pas si longtemps encore, par l'ambitieuse réforme du droit du travail portée par le candidat et le président Macron, il faut dire que la présentation des mesures prévues par le projet de loi de finances pour l'exercice 2018 aura fait tomber des nues les chefs d'entreprises du secteur de l'Immobilier. Après la célébration encore fraîche des allègements de charges sociales et de l'assouplissement du compte pénibilité, voici que la contrepartie leur était brutalement réclamée.

De la réduction du crédit d'impôt aux baisses des APL, les suppressions d'un certain nombre d'aides octroyées dans le secteur passent mal auprès de nombreux patrons du Bâtiment.

Alors, à l'occasion des 24 heures du Bâtiment, tenus le vendredi 6 octobre, Emmanuel Macron est venu apporter des gages de bonne volonté pour contrer l'inquiétude grandissante d'entreprises encore marquée par une action similaire menée en 2007 par Cécile Duflot.

La forte crainte nourrie par les patrons de l'immobilier

Présidente de la Fédération du Bâtiment de Loiret, la chef d'entreprise Aline Meriau l'assure, le trou généré dans le financement des travaux d'économie d'énergie par une baisse du crédit d'impôt de 30% à 15% est intenable. Et il n'y a pas qu'elle à tenir pareille appréciation, car Sandrine Lanos-Martin lui emboîte le pas. Dirigeante d'une menuiserie familiale en Normandie, celle-ci estime que 20% de son activité serait directement impacté.

Un besoin pressant donc de ramener à la raison le président Macron sur ce qu'ils connaissent des réalités de leur monde. C'est ce que n'a pas hésité à faire, comme le remarque le Monde, le menuisier et maire de Montagnac-sur-Lède Yvon Setze en prenant à partie le Chef de l'État alors qu'il faisait la tournée des stands du salon.

Ce que propose Emmanuel Macron

Alors, face à l'incessante pluie de préoccupations soulevées par les chefs d'entreprises et les élus locaux, le président Macron a bien décidé de faire un geste. La discussion sera reprise avec le Gouvernement pour garantir dans la ruralité un prêt à taux zéro sur deux ans avec une quotité limitée à 20% dans l'optique d'éviter de créer la rupture sans pour autant donner un coup de frein à l'esprit de la réforme.

Concernant la baisse des APL et des ressources des organismes HLM, le locataire de l'Elysée a appelé les différents acteurs à un dialogue constructif pour l'émergence d'une solution intelligente.

Le besoin d'avancer vite et bien dans la mise en œuvre de sa politique

Bien sûr, si Emmanuel Macron souhaite dialoguer, il aimerait avant tout que soit rapidement résolu les questions du surnombre des organismes HLM (près de 800 aujourd'hui) et de la mauvaise circulation du capital (des organismes ont du trésor et ne construisent pas, alors que d'autres n'ont véritablement pas).

La balle est donc lancée en direction des bailleurs sociaux, quitte à eux de pouvoir s'en saisir. En attendant, le président réformateur poursuit son vaste projet de refonte de l'assurance-chômage.