La fiscalité se définit comme l’ensemble des prélèvements pécuniaires obligatoires effectués par les administrations publiques à titre définitif et sans contrepartie immédiate ou directe. La fiscalité en France est vécue comme une punition par une partie de la population, celle qui paie des Impôts, alors que l’autre partie la considère comme une obligation nécessaire en matière de solidarité entre Français.

Au cours de sa campagne électorale, le Président Macron a averti la population française : s’il est élu (ce qui est le cas), il transformera la France en modifiant l’impôt de solidarité sur la fortune en supprimant la taxe d’habitation pour les classes populaires, en augmentant la CSG (sans exclure les retraités qui gagnent 1200 euros par mois et au-delà), en instaurant une flat-taxe sur les revenus du capital et en modifiant les conditions de l’assurance chômage grâce à la prise en compte de toutes les catégories actives comme les indépendants et autres artisans.

Il va plus loin en proposant un bonus/malus pour les patrons qui abusent des CDD.

Explication de l’agenda fiscal du Président

Macron estime que la suppression de l’impôt sur la fortune et la transformation de celui-ci en impôt sur la fortune immobilière auront des effets sur la prise de risque, les choix d’investissement direct et de portefeuille. Il pense que les plus fortunés des Français resteront en France et pourront ainsi investir dans l’économie réelle. C’est un pari qui n’est pas gagné d’avance mais qui mérite d’être pris car la question de l’effet sur l’investissement d’une fiscalité réduite, voire nulle, montre que, si les actionnaires sont satisfaits des mesures prises, ils hésitent toujours à investir car ils arbitrent leurs décisions à l’aune du coût d’usage du capital de façon concrète entre des placements sur le marché financier et la prise de risque en investissant dans l’économie réelle.

Macron espère que ceux de nos compatriotes qui ont un patrimoine immobilier dormant, vont se décider à utiliser cette rente immobilière pour investir dans le bâtiment ou apporter leurs capitaux à des entrepreneurs qui prennent des risques.

Les ménages, surtout ceux de classe moyenne, sont obligés de payer et d’apporter leur écot à la solidarité nationale.

On peut craindre que ceux-ci, anticipant une absence de baisse des impôts, pratiquent le principe de réservation de l’épargne pour payer les impôts futurs, selon le théorème énoncé par Ricardo-Barro, or notre économie fonctionne globalement par l’impact de la consommation sur la production nationale.

Concernant la hausse de la CSG, le choix politique de Macron de taxer les retraités qui gagne plus de 1200 euros, peut être compensé par la baisse d’un tiers de la taxe d’habitation à partir de 2018 et de la disparition totale de celle-ci en 2020.

Tous les retraités ne sont pas concernés, surtout ceux qui ont un patrimoine immobilier important.

Macron peut-il transformer l'économie française par la fiscalité ?

La théorie économique de la fiscalité ne souligne pas seulement les effets de l’impôt sur le comportement des agents, elle vise aussi à sélectionner les règles d’imposition et les modes de répartition de la charge d’imposition entre les contribuables. Macron s’est appuyé sur la modalité des capacités contributives qui visent à privilégier ceux qui ont les moyens les plus importants et à faire en sorte qu’ils soient plus disponibles à contribuer à la croissance économique. L’autre modalité analysée par la théorie économique et illustrée par le théorème des économistes Bowen, Lindahl et Samuelson, stipule que chacun doit payer un impôt à raison de l’utilité qu’il retire de l’usage des biens et services publics.

Cette modalité a été appliquée en partie aux retraités mais pas à tous les Français, surtout les classes populaires exemptées du paiement de l’impôt sur les revenus. On peut débattre à l’infini d’une fiscalité idéale et de ses rapports avec l’économie réelle, mais force est de penser que la fiscalité a aussi une dimension normative qui prend sa source dans les choix politiques de Macron. Ses choix politiques sont connus : transformer la France économiquement, instaurer un esprit entrepreneurial en créant des start-ups en encourageant la vieille économie à embaucher des salariés tout en s’adaptant à la digitalisation et à la numérisation de l’économie qui préfigure le recours à l’intelligence artificielle pour le monde de demain.

Macron n’a pas gagné la partie car dans certains domaines, comme ceux de la lutte contre le chômage, certains patrons sont opposés au principe du bonus/malus qu'ils considèrent comme une sur-taxation.Il faudra attendre 2020 pour juger les effets fiscaux de la politique de Macron sur l'économie.