À Davos, on a vraiment beaucoup parlé de moteur à hydrogène et les constructeurs d'automobiles ont des prototypes dans les cartons. Mais question navigation maritime, on y songe aussi. Certes, le catamaran Energy Observer fait davantage songer à l'avion Solar Impulse qu'à un pétrolier géant… D'une part parce qu'il est prévu pour se lancer dans un périple autour de la planète, en 101 escales, pendant six ans. D'autre part, la cargaison sera plus immatérielle qu'autre chose : alimentation d'un site en 3D, émissions de documentaires pour France 24, réalité virtuelle, &c.

Pas de quoi faire rêver les armateurs et les chantiers navals réalisant des géants des mers… Mais la coque de ce grand catamaran ne sera pas surmontée d'un mât, mais de panneaux solaires, d'éoliennes, à l'occasion d'une voile (ou "aile") de type cerf-volant. La mise à l'eau est prévue pour le printemps prochain, à Saint-Malo, et les essais se feront en cabotage, du nord de la Bretagne à Monaco (12 escales). Ces essais seront précédés d'une présentation sous la tour Eiffel. La Ville de Paris et celle de Saint-Malo, et des parrains privés, soutiennent l'entreprise.

Autonomie énergétique

Le carburant sera donc le vent, comme de normal (éoliennes et petite aile), le soleil, mais aussi et surtout la mer, tout simplement.

L'autonomie est assurée par la mixité énergétique, et pour de nombreuses manœuvres de sortie ou d'entrée dans les ports, ou en vitesse de croisière, par un moteur à hydrogène. Aucune émission de gaz ou de particules fines, un bateau à moteur cent pour cent propre (sauf, sans doute, pour la composition de certains équipements, mais sans doute moins que pour un véhicule électrique).

L'Energy Observer devrait, après les ports français, visiter ceux de 50 pays, de cette année à 2022, en deux phases, trans-Atlantique et trans-Pacifique. À la barre, Victorien Érussard, secondé par Jérôme Delafosse, réalisateur-documentariste déjà bien amariné. Le tour de la Méditerranée et de la Mer Noire sont prévus pour 2018-2019.

Le principal partenaire technique est le CEA-Liten de Grenoble mais diverses entreprises bretonnes sont associées pour l'accastillage ou des pièces en titane et divers dispositifs innovants. Le financement n'est pas bouclé mais l'Unesco et la Fondation Hulot s'y emploient. Le quart du budget prévisionnel de fonctionnement annuel (un million d'euros) devrait être consacré à la production audiovisuelle. Pour le moment, le site dédié assure la visite virtuelle du navire qui n'était autre, au départ, que le maxi-catamaran de Mike Birch. Victorien, voileux mais aussi officier de la Marchande, fut concurrent de la Route du Rhum et de diverses courses transatlantiques ; il abandonne désormais les compétitions.

Malouin de même, Jérôme Delafosse est plongeur et scaphandrier, mais surtout réalisateur. Souhaitons-leur bon vent, euh, surtout bonne mer, et du bon temps pas trop couvert. Ah, au fait, l'Energy Observer sera-t-il survolé par l'Airlander, le plus gros dirigeable ? Ou même accosté (l'Airlander étant amphibie) ? Belle photo de famille en perspective...