Le Parti Populaire (PP), qui détient la majorité des sièges auCongrès des Députés a promulgué, ce jeudi 11 décembre, une loi sur la sécurité publique quialourdit fortement les peines. Le Parti Populaire a voté en bloc, mais aussi ensolitaire, pour faire passer la « LeyOrgánica de Seguridad Ciudadana », la loi sur la Sécurité publique.Toute l’opposition est contre cette nouvelle réglementation qui voit en elleune atteinte aux droits de l’homme et une limite à la liberté d’expression. Surnommé leymordaza, la loi gag, ce projet de loi semble, aux dires de l’opposition,poser les bases d’un état policier.

Lorsque cette loi passera en application, les individus qui enfreindrontla législation espagnole encourront le risque de recevoir des amendes allant jusqu’à600.000€. Pour exemple, photographier un policier, l’empêcher de passer ouencore critiquer le pouvoir en place avec un calicot pourra entraîner uneamende de 30.000€. A savoir que la parole du policier sera jugé suffisante pourappliquer une sanction, sa valeur étant considéré comme supérieure à celle dessimples citoyens.

Manifester devant lesiège du Congrès des Députés, le Sénat ou les assemblées législatives descommunautés autonomes sera considéré comme une infraction grave. Les sanctionspour revendiquer son désaccord iront jusqu’à 9 mois de prison et 30.000€ d’amende.En comparaison, la France punit de deux mois d’emprisonnement et de 3 750€d’amende.

Lors d’une manifestation organisée sans autorisation et jugéeviolente, les participants risqueront jusqu’à 600 000€ d’amende. Leracolage sur la voie publique ou touteautre incitation à caractère sexuel sera également sévèrement puni. Les dessinssatiriques sur des thématiques politiques seront interdits.

Pour un pays qui traverse une grave crise économique, lesmanifestations sont pour le peuple un outil social leur permettant d’exprimerleur lassitude et leur opposition aux décisions gouvernementales.

Ces mesures quilimiteront voir interdiront lesmanifestations empêcheront les opposants de prendre part au débat public.

Pour l’heure, les espagnols sont descendus dans la rue pour exprimerleur désaccord. Jeudi, manifester contre l’interdiction de manifester étaitencore autorisé. Mais pour combien de temps encore ?