C'était le 17 février 2008. Plus d'une centaine de pays issus de la communauté internationale, dont la France, reconnaissait l'indépendance du Kosovo. Sept années plus tard, le petit pays des Balkans d'à peine 1,8 million d'habitants éprouve toujours des difficultés à assumer ce statut même si de nombreuses évolutions ont été amenées.

Des avancées politiques depuis 2008

Petit État des Balkans, le Kosovo a donc dû attendre 2008 pour obtenir le contrôle de son territoire. Après la guerre opposant l'armée yougoslave et l'armée de libération du Kosovo (UCK) avec l'OTAN (6 mars 1998 - 10 juin 1999), la région est passée sous la direction des Nations unies.

Mais les tensions sont restées vives avec la Serbie qui critique alors une indépendance contraire au droit international. Une longue série de pourparlers s'en est suivie entre les deux camps avant que le Kosovo n'obtienne son indépendance puis sa pleine souveraineté.

Aujourd'hui, les relations entre la Serbie et le Kosovo se sont apaisées. « Le dialogue institutionnel lancé en mars 2011 sous l'égide de l'UE est monté d'un cran, analyse la spécialiste du Kosovo, Odile Perrot. Elle s'est établie au plus haut niveau, entre les Premiers ministres. Le 19 avril 2013, la normalisation des relations entre les deux États a constitué un fait historique. La coalition actuellement en place a, ensuite, mis du temps à se concrétiser.

Et le dialogue a été relancé avec un accord sur la justice obtenu le 9 février. » Si le pays ne fait actuellement pas partie de l'ONU, il a récemment rejoint l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), fin 2014.

« Politiquement, le point noir reste le Nord où des zones majoritairement peuplées par des Serbes sont problématiques, affirme Odile Perrot.

C'est le souci principal. Le fonctionnement démocratique est en place mais il doit se rôder. »

Un désenchantement économique

À Pristina, la capitale, les scènes d'exode se multiplieraient. Rien que depuis le début de l'année, plus de 50 000 Kosovars auraient décidé de quitter le pays. Ce qui représenterait 3% de sa population.

Un phénomène d'ampleur qui ne date pas d'hier mais qui se serait considérablement accéléré depuis la fin 2014. À tel point que Skender Hyseni, ministre de l'Intérieur kosovar, a appelé les pays de l'Union Européenne à renvoyer « rapidement » les clandestins originaires de son pays. « Nous avons toujours dit que la grande majorité des migrants illégaux n'auraient pas droit à un statut et seraient renvoyés, a-t-il expliqué. Je souhaite que cela se produise au plus vite. »

Pour Valdet (41 ans), habitant de Pristina, « l'émigration n'est peut-être pas aussi massive que le disent les médias. Mais malheureusement, elle se remarque dans les rues. » Lavdi, 27 ans, pense qu'en « ce moment le pays n'est pas dans un bon moment économique.

Le taux de chômage a largement augmenté à cause de la privatisation de beaucoup d'entreprises. »

La Serbie et la Hongrie sont les principaux pays de transit. Budapest a d'ailleurs annoncé avoir intercepté près de 8 000 migrants, début février. Pour le seul mois de janvier, le pays a enregistré 13 000 demandes d'asile. L'Europe de l'Ouest est évidemment très prisée.

Et après ?

« Les plus jeunes, qui souffrent le plus du chômage, veulent avoir une vie nouvelle, explique Odile Perrot. Mais nous pouvons dire la même chose d'autres pays des Balkans. Il y a une tradition de l'émigration dans l'ex-Yougoslavie. Malgré la crise, l'Europe de l'Ouest reste un pôle d'attractivité. Et il faut savoir que le Kosovo est le dernier pays des Balkans qui ne bénéficie pas de la libéralisation des visas.

C'est un sujet sensible. » La pauvreté est évidemment la principale raison de ces départs. Plus d'un tiers des habitants se retrouve au chômage et 40% vivent dans la pauvreté. Quant au salaire moyen, il est compris entre 250 et 300 euros. L'économie reste fragile avec un taux de croissance oscillant entre 2 et 2,5%.

Pour les prochains anniversaires, le Kosovo espère poursuivre les avancées et résorber ses failles sous la présidence actuelle d'Atifete Jahjaga. « Le prochain défi est de continuer le dialogue, estime Odile Perrot. Mais, au moins, c'est un pays qui est sorti de la guerre et qui n'y est pas retourné. »