Le flou subsiste encore sur la situation politique du Royaume-Uni. En effet, alors qu'en juin dernier, l'ancien Premier ministre anglais avait été désavoué par ses concitoyens, qui avaient majoritairement voté pour une sortie de leur pays de l'Union Européenne, le Parlement continue de bloquer l'exécutif, qui souhaite mettre en application le processus de sortie. Effectivement, le conseil des ministres, qui a été renouvelé dès l'onde de choc qu'a suscité le Brexit, ne détient pas tous les pouvoirs, et doit s'accorder avec le pouvoir législatif pour engager de telles décisions.

D'où la colère ressentie aujourd'hui par les Anglais des zones rurales, qui se sentent désapprouvés et trahis par leurs représentants siégeant au Parlement. Ainsi, de nombreux journaux conservateurs somment cette élite d'accepter le choix du peuple souverain. Ce n'est pas encore fait.

Du retard dans le processus de sortie

Dès l'annonce des résultats, le Premier ministre démissionnaire avait déclaré, avec quelques hésitations, la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne d'ici le mois d'octobre. Il avait oublié de prendre en compte les résistances des Lords, qui sont loin d'être eurosceptiques. En janvier 2017, la situation est toujours la même, indécise, et personne ne peut deviner à partir de quand les Anglais auront effectivement quitté l'Union.

Cependant, il ne faut pas nier que si l'administration britannique est indécise, c'est sans doute parce que les Britanniques sont eux-mêmes indécis. En effet, le Parlement, qu'ils abhorrent désormais à cause du blocage qu'il oppose au Brexit, est composé à 72% de députés hostiles au Brexit, députés pour lesquels ce même peuple avait voté un an avant de décider la sortie.

Donc cette instabilité illustre finalement bien les tergiversations des Anglais eux-mêmes à ce sujet : en 2015, ils décident d'être majoritairement représentés au Parlement par des pro-européens, et un an plus tard, en 2016, ils décident de quitter l'Union. Tout s'explique.

Le poids du Parlement

Le régime politique anglais est en fait peu habitué à écouter directement son peuple.

Car il a donné la primauté dans la prise de décisions au Parlement, et donc aux Lords qui y siègent. De sorte que le pouvoir législatif domine même le pouvoir exécutif, qu'est le conseil des ministres. C'est pourquoi il peut sans problème opposer une forte résistance au choix populaire de quitter l'Union Européenne. Ainsi, les Britanniques, en colère, envisagent même de réformer leurs institutions pour donner la primauté à l'exécutif. Mais les députés et les partis représentés au Parlement savent où se trouve leur intérêt, et finiront certainement par céder, par peur de ternir leur réputation et de se conduire au suicide politique.