Un Sondage anglais (Chatham House), réalisé sur 10 195 citoyens de 10 pays européens entre décembre 2016 et janvier 2017, a permis de prendre la température sur le sentiment des Européens vis-à-vis de l'Union Européenne, et c'est un succès ! L'institut de sondage britannique a publié aujourd'hui ses résultats et conclusions : les citoyens sont encore attachés à l'Union européenne car ils pensent à l'existence d'une identité européenne, ils lui reconnaissent un rôle de solidarité entre les peuples, et, enfin, ils admettent sa nature profondément démocratique.

Ainsi, les citoyens européens interrogés se prononcent en faveur d'un nouveau départ pour l'Union européenne, malmenée par l'austérité, la technocratie et le libre-échange ces dernières années. Cependant, les sujets de blocage auxquels les institutions doivent remédier restent nombreux.

Fracture entre le peuple et les élites

Sur l'échantillon de 10 195 citoyens européens interrogés, 10 000 appartiennent au peuple, les 195 autres sont des élites. Il est intéressant de remarquer que, sur les questions posées par les sondeurs, outre les 3 premiers thèmes évoqués, les élites ont presque systématiquement une réponse différente du peuple. Ainsi, elles sont ceux qui louent le plus les bénéfices de l'Union européenne, quand les citoyens sont plus circonspects sur cette question.

71% des élites interrogées s'estiment satisfaites des avantages fournis par l'appartenance à l'Union européenne, quand à peu près 33% du peuple n'y trouve aucun intérêt, 33% ne répondent ni par l'affirmative, ni par la négative, et 33% encore s'estiment satisfaits eux aussi de l'intégration. Le désaccord entre le peuple et les élites persiste sur la question de l'élargissement : 47% des citoyens jugent que l'Union européenne s'est trop élargie à des pays tiers, alors que 58% des élites considèrent, au contraire, que l'union doit continuer à s'élargir.

A ce sujet, l'accord entre le peuple et les élites repose sur la Turquie : les deux catégories ne veulent majoritairement pas (à différentes proportions) d'un élargissement à la Turquie.

L'austérité en question

Les citoyens européens interrogés demandent une relance de la construction européenne sur de nouvelles bases, et cela passe, à leur goût, par l'adoucissement progressif puis la fin de la politique d'austérité.

En revanche, les élites sont plus divisées sur la question. Les 10 000 représentants du peuple ont majoritairement demandé la fin de l'austérité dans l'Union européenne, ainsi que la diminution d'autres pratiques libérales comme le libre-échange. Les 195 élites, pour leur part, ont jugé à 54% que la politique de rigueur budgétaire (dite d'austérité) n'avait pas porté ses fruits ; 28% des élites considèrent, au contraire, qu'elle a été un bon remède à la crise. Les 18% restants n'ont pas opinion arrêtée sur le sujet. En tout cas, le consensus sur une sortie de l'austérité est plus général entre les citoyens qu'entre les élites.