Bien que l'Union Européenne ait renforcé ses sanctions envers l'économie russe. La célèbre compagnie gazière russe, Gazprom, fait son grand retour dans les discussions au niveau européen. Analyse.

La construction d'un nouveau pipeline dans le nord de l'Europe

Lors du forum économique international de Saint-Pétersbourg, Gazprom, l'anglo-néerlandais Shell, l'allemand EON et l'autrichien OMV ont signé une lettre d'intention, le 18 juin dernier, en vue de construire un nouveau pipeline entre la Russie et l'Allemagne. Gazprom explique la nécessité de construire ce gazoduc car les pays européens ne sont plus dans la capacité de produire assez de gaz pour satisfaire la demande locale européenne et donc la construction d'un nouveau pipeline entre la Russie et l'Allemagne doit être examinée.

Ce serait la deuxième fois qu'un pipeline entre la Russie et l'Allemagne voit le jour. En effet le pipeline North Stream a été mis en service, en 2012, avec une capacité de 27.5 milliard de mètres cubes par an. Le nouveau projet de pipeline aura une capacité de 55 milliard de mètres cubes par an, ce qui amènera à doubler les exportations de gaz russe vers l'Europe.

Un nouveau gazoduc afin d'éviter l'Ukraine

Avant la révolution orange, l'Ukraine était un des passages obligés pour le gaz russe en destination pour l'Europe, grâce aux pipelines Brotherhood et Soyuz. L'Union Européenne représentant 30% des vente de gaz russe par Gazprom et se place comme le premier client de Gazprom hors marché russe.

Durant le mandat de Iouchtchenko, président ukrainien pro-occidental, l'Ukraine a connu trois conflits gaziers avec la Russie (2005/2006-2007/2008-2008/2009) concernant le prix de distribution et de transit de gaz russe vers l'Ukraine. Ces conflits ont eu des impacts collatéraux majeurs sur les pays voisins de l'Ukraine.

En effet nombreux sont les pays de l'Est, membres de l'Union Européenne qui sont largement dépendants du gaz russe (59% pour la Pologne, 80% pour la Hongrie, 100% pour les pays Baltes et la Slovaquie). Ces coupures de gaz vers l'Ukraine ont eu pour conséquence la non approvisionnement de gaz vers les pays de l'Est, en plein hiver, et la fermeture provisoire d'usines.

Par ce constat, la Russie a cherché une nouvelle voie afin d'approvisionner l'Union Européenne tout en évitant l'Ukraine, ce qui a donné naissance à North Stream. Il est juste de considérer que le nouveau projet de pipeline va de pair avec les événements qui secouent l'Ukraine, depuis plus d'un an. Les affrontements dans le Dombass, entre les Ukrainiens et les forces pro-russes, ne permettent plus de sécuriser l'acheminement du gaz russe vers le marché européen. Du fait que l'Ukraine soit devenue un acteur instable dans la région, la Russie cherche sans aucun doute à couper les activités des pipelines Brotherhood et Soyuz afin de construire de pipelines plus sûrs en Mer Baltique.

La Grèce entre dans la géopolitique des pipelines

Lors de la visite d'Alexei Miller, le PDG de Gazprom, en avril 2015 à Athènes. La grèce et la Russie ont pu évoquer un autre projet de pipeline en Mer Noire, le Turkish Stream. Cet accord fut finalisé entre Tsipras et Poutine, la semaine dernière. La crise économique et les tensions avec l'Union Européenne ont lancé Tsipras dans les bras de Poutine. L'accord gazier entre ces deux nations prévoit donc la construction d'un gazoduc entre la Grèce et la Russie, mais surtout un chèque de deux milliards d'euros et la création d'une entreprise de construction commune, entraînant dans le même temps la création d'emplois en Grèce.

Cet accord est perçu comme un coup de nez à l'Europe qui vota le prolongement des sanctions russes, au même moment que la signature de l'accord Gréco-Russe.