Selon Le Matin d'Algérie, et les agences de presse internationales, un attentat à la ceinture explosive s'est produit dans le commissariat de Bab El Kantra, quartier nord de la capitale de la Kabylie. Le bilan reste incertain car le kamikaze aurait été neutralisé à l'abord du commissariat et qu'il aurait tenté d'ouvrir la voie à des complices. Par ailleurs, des affrontements auraient été constatés entre policiers du commissariat d'Hacène-Boujenana et djihadistes dans le quartier de Zaouech (ou Zouèche), plus central, et deux djihadistes seraient cernés.

Mais le conditionnel s'impose car selon des riverains, cette deuxième attaque serait fictive : des policiers auraient répliqué par des tirs à l'explosion de pétards. Quoi qu'il en soit, la mort de l'assaillant du commissariat de Bab El Kantra a été, elle, confirmée, et le parquet a fait état de l'ouverture d'une enquête.

Attentat programmé ?

Tout attentat de ce genre est programmé, mais celui-ci pourrait correspondre à la visite, dimanche, de Gaid Salah, vice-ministre de la Défense, au siège de la cinquième région militaire de Constantine. Il y aurait deux blessés parmi les policiers (trois selon une autre source). Le commissariat de Bab El Kantra se situe au rez-de-chaussée d'un immeuble d'environ dix appartements occupés par des familles de civils ou de policiers.

C'est vers 21 heures locales que le djihadiste présumé a été abattu par un policier de faction. L'opinion algérienne reste divisée sur l'interprétation de ces attentats ou affrontements. Pour certains, le pouvoir militaro-financier instrumentalise voire manipule les djihadistes alors que l'état de santé du président Abdelaziz 'Boutef' Bouteflika reste très préoccupant.

Pour d'autres, la menace est très réelle car les djihadistes forment une mafia puissante, influente, recrutant des individus n'ayant rien à perdre hormis leurs vies. Et bien sûr une minorité tolère ou approuve l'islamisme radical et sanglant. Depuis bientôt deux mois, 22 islamistes armés ont été tués dans les régions de l'est algérien, dont 14 la semaine dernière lors d'une vaste opération des forces armées dans le secteur de Bouira.

Les années 1990 ont vu les familles algériennes (et françaises, dans le cas des moines de Tibhirine, et d'autres) endeuillés par au moins 200 000 morts. Et aussi de très nombreux exils, de djihadistes ou de leurs victimes potentielles dont nombre de femmes éduquées, d'intellectuels ou journalistes menacés, contraints de fuir leur pays, d'une heure à l'autre parfois. Les djihadistes algériens (Al-Qaida et califat islamiste de Daesh) s'en prennent moins à la population et visent désormais surtout les militaires et les policiers. Un policier avait été abattu dans un restaurant constantinois en octobre dernier. Aqmi et Daesh rivalisent en Algérie, au nom d'un même mahométanisme dévoyé, et surtout, surtout, pour enrichir leurs gourous et leurs familles.

Civils et fonctionnaires en font les frais, mais les règlements de compte mafieux suivront, faisant des victimes dans les familles, femmes, vieillards et enfants inclus, chacun revendiquant ses "martyrs". Si, comme l'a estimé Emmanuel Macron, la colonisation fut un crime contre l'humanité, ses suites en entraînent d'autres... Même si la qualification est erronée (du moins pour la colonisation qui n'a conduit qu'à des génocides partiels, au Cameroun notamment), il s'agit bien, pour les djihadistes de se livrer à un "nettoyage" et religieux et areligieux (athées, agnostiques), mais ils ne font que tirer les marrons du feu pour des intérêts qui les dépassent. En attendant, presque tout le monde trinque.