Hier encore ils étaient vivement critiqués et par le peuple et par les journaux conservateurs britanniques, mais ils ont permis de franchir un nouveau pas vers le départ du Royaume-Uni de l'Union Européenne. Les députés anglais se sont prononcés hier en faveur de l'application de l'article 50 du traité de Lisbonne, qui pose les conditions de la sortie. Theresa May, Première ministre britannique, s'était d'abord opposée à ce que le Parlement ait son mot à dire dans la décision d'appliquer ou non l'article 50, par crainte de se voir refuser un refus catégorique.

Finalement, les Lords ont choisi, non sans regret, de suivre la décision du peuple. La procédure de sortie commencera ainsi dès le mois de mars.

Rejet d'un amendement écossais pro-européen

Les Ecossais, généralement de gauche et très attachés à l'Union Européenne, n'ont toujours pas accepté que les Anglais se soient exprimés en faveur de la sortie. De ce fait, ce sont eux, via le Parti national écossais, qui avaient déposé un amendement, un recours contre le Brexit, au Parlement britannique. Mais, suite à un vote dans la Chambre des communes, les 114 députés pro-européens ont été submergés par la vague sécessionniste des 498 autres députés prêts à respecter le choix populaire.

La division s'installe

Depuis le référendum de juin 2016, le Royaume-Uni est plus que jamais désuni. En effet, outre les préférences politiques des nations membres (Ecosse, Irlande du Nord, Pays-de-Galles, Angleterre), ce sont les partis eux-mêmes qui ont été divisés par cette question. D'abord, le parti travailliste, dont une moitié, composée d'élus locaux urbains, est hostile au Brexit, et une autre, représentée par Jeremy Corbyn et la gauche radicale britannique, favorable à la sortie de l'Union Européenne.

De même, dans le parti conservateur, une moitié, conservatrice mais progressiste, a refusé de soutenir une telle initiative, comme l'ancien Premier ministre David Cameron, et une autre, plus conservatrice, réactionnaire et néo-libérale, représentée par Theresa May, a choisi de suivre le vote du peuple.

D'ailleurs, ce sont pas du tout pour les mêmes raisons que la gauche dure et la droite dure acceptent de quitter l'UE.

Pourquoi ? Pour les travaillistes, l'Europe gouvernait le Royaume-Uni à distance par le biais de technocrates installés à Bruxelles, et qui donc n'étaient pas du tout légitimes pour décider à la place des Anglais. Pour les conservateurs, c'était davantage une question de réduction des dépenses publiques et de lutte contre l'immigration. En effet, ils ont fondé leur campagne pro-Brexit sur le rejet des normes européennes, jugées pas assez libérales, et sur le rejet de l'immigration massive venant de France. Ils trouvaient en outre que les sommes demandées par le gouvernement européen étaient trop importantes, et qu'elles bridaient le pouvoir d'achat des Britanniques. Cependant, une chose rassemble conservateurs comme travaillistes : ils sont souverainistes.

Ils ne veulent plus que leurs lois soient dictées d'en haut, d'une institution qui ne se trouve même pas sur leur territoire et qu'ils jugent illégitime. Bref, la procédure est lancée pour ces raisons-ci, et semble répondre à une certaine colère du peuple.