Un référendum constitutionnel avait été planifié pour la mi-avril en Turquie ; il devait décider si oui ou non le peuple turc acceptait que la Constitution soit modifiée en vue de passer d'un régime parlementaire à un régime présidentiel, octroyant davantage de pouvoirs encore au président. Finalement, le " oui " l'a emporté de peu, obtenant à peine plus de 50% des voix, mais après une campagne intense du gouvernement, qui étouffait en même temps les tenants du " non." De sorte que la question de la légitimité du président turc à s'arroger les pleins pouvoirs est posée.

Erdogan n'a plus de comptes à rendre à personne

Ainsi, Erdogan est responsable seulement devant le peuple ; les capacités décisionnelles du Parlement sont amoindries et les siennes sont infiniment renforcées. Comment expliquer la victoire du " oui " ? Par le fait que l'exécutif ait fait campagne partout en Turquie et même jusqu'en dehors des frontières turques, auprès de la diaspora en Europe. Une campagne parfois agressive, qui a donné lieu à des incidents diplomatiques. Le " non ", en revanche, défendu par certains médias seulement, était peu représenté et avait peu de moyens de faire campagne. De sorte qu'il a perdu de justesse : ce passage du " oui " de justesse peut s'expliquer par la tentative de coup d'état de juillet 2016, qui a fait sombrer le peuple turc dans la peur, et donc dans le désir en retour d'avoir un président fort. Le problème est qu'il ne connaîtra dorénavant plus de limites, et que la légitimité de ses décisions pourra difficilement être mise en cause.