Le pays du Soleil-Levant semble vouloir le rester, quitte à bousculer ses habitudes pacifiques. Le gouvernement nippon veut reconnaître la chute d'un missile étranger dans ses eaux territoriales comme une menace évidente d'agression militaire, qui permet le déploiement de troupes, a rapporté hier le journal Yomiuri Shimbun. Les lois adoptées le 29 mars 2016 par le Japon ont divisé les menaces à la sécurité en trois catégories: la possibilité d'une agression militaire, une menace évidente d'agression militaire et une agression militaire. Le Premier ministre Shinzo Abe a déclaré lundi que le gouvernement de son pays élaborait en ce moment des plans d'urgence, en cas de crise dans la péninsule coréenne qui risque de provoquer un afflux de réfugiés au Japon.

Cet aveu d'Abe témoigne d’une crainte qui a souvent été discutée par le passé, et qui est désormais plus plausible que jamais à cause des capacités de frappes des missiles venants de Corée du Nord. Les États-Unis de Donald Trump expriment les mêmes interrogations quant à cette problématique, qui demanderont peut-être des représailles.

Mike Pence, le vice-président des USA, arrivera bientôt à Tokyo en provenance de Corée du Sud, où il a déclaré que "l'époque de la patience stratégique (avec la Corée du Nord) est terminée", réitérant l’envie de mettre une plus grande pression sur Pyongyang. Abe a salué ce durcissement de ton, approuvant un bilan bilatéral récent confirmant l'engagement des États-Unis à défendre le Japon, grâce à l'utilisation des armes nucléaires et conventionnelles comme dissuasion prolongée.

"Nous coopérerons étroitement avec les États-Unis et la Corée du Sud pour changer l'attitude de la Corée du Nord et encourager la Chine à jouer un rôle plus important", a déclaré Abe. Les principaux ministres du Conseil de sécurité nationale japonais se sont rencontrés pour analyser les derniers développements venant de Corée du Nord et discuter des réponses à apporter, a déclaré le secrétaire en chef du Cabinet, Yoshihide Suga.

Le gouvernement japonais pense déjà aux réfugiés

Abe a déclaré à une session parlementaire que son gouvernement formule des mesures comprenant la protection des étrangers, les procédures d'atterrissage, la construction de refuges et le dépistage des demandeurs d'asile. Tokyo a également travaillé sur des plans d'évacuation en cas de crise, pour environ 60 000 Japonais résidants en Corée du Sud.

Vendredi, les membres du Conseil de sécurité ont discuté de la manière dont des soldats armés nord-coréens prétendant être des réfugiés pourraient tenter d'entrer au Japon, a fait savoir Kyodo News. Selon un autre scénario, une action militaire américaine risque de propulser un grand nombre de réfugiés nord-coréens vers la côte japonaise dans des bateaux, mais, là encore, certains soldats armés du régime fidèle à Kim Jong-un peuvent se cacher parmi les immigrés, risquant de commettre des actes terroristes au Japon. Enfin, le gouvernement du Japon envisage d'envoyer des avions et des navires commerciaux ou militaires en Corée du Sud, au cas où les ressortissants japonais doivent être évacués à tout prix.

Mais les souvenirs amers de l'agression et des colonisations militaires japonaises dans cette partie du globe, qui ont eu lieu durant la première moitié du vingtième siècle, risquent alors d’être ranimés. Au même moment, le régime de Pyongyang a déclaré vouloir effectuer des tirs de missiles chaque semaine…