Âgé de 64 ans, Lenin Moreno Garcés, du mouvement Alianza Pais de l'ex-président Rafael Correa Delgado, a remporté la présidentielle équatorienne avec 51,15% des suffrages face au candidat du mouvement Creo-Suma, Guillermo Lasso qui a obtenu 48,85% après dépouillement de 98,76% des bulletins. Le nouveau chef-d'État équatorien est un vieux routier de la politique dans son pays. Il a occupé des fonctions importantes dans l'administration publique et a été deux fois vice-président de la République d'Equateur sous les deux premières administrations de l'économiste Rafael Correa Delgado.

Néanmoins, sa candidature et son élection à la magistrature suprême restent atypique.

Une victoire pour les minorités et les personnes en situation de handicap

Ce qui rend singulier le nouvel homme fort de Quito, c'est sans doute sa situation de handicap. En effet, il a été victime d'une agression en 1998, qui lui a réduit la mobilité et l'a contrainte à se déplacer en chaise roulante. Depuis, il milite pour le respect des droits des personnes en situation de handicap et a conduit l'Équateur à de réels progrès en la matière durant sa période de responsabilité. Progrès reconnus par les Nations unies et les organisations internationales oeuvrant dans le domaine. Pour beaucoup, son élection est la preuve que les mentalités ont changé sur ce territoire sud-américain et que les personnes en situation de handicap peuvent jouer pleinement leur partition dans nos sociétés.

Une éclaircie dans le ciel du courant révolutionnaire de la région?

Au-delà de la singularité du nouveau président, son élection constitue un vrai soulagement pour la Gauche latino-américaine qui ne cesse de perdre du terrain depuis environ 4 ans avec le décès du feu président vénézuélien Hugo Rafael Chávez Frias qui entrainait un certain nombre de pays de la région dans ce qu'il appelait "El socialismo del siglo XXI'' (Le socialisme du XXIème siècle).

Ainsi, le Venezuela, la Bolivie, l'Argentine, l'Uruguay et l'Équateur entraient dans une dynamique de révolution citoyenne avec à la clef d'importantes avancées sociales, économiques et politiques. De cette dynamique est née plusieurs outils multilatéraux au nom de l'intégration latino-américaine comme l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA), le Petro Caribe, expression de la solidarité de Caracas à l'endroit des États les moins fortunés de la zone dont le Nicaragua, Cuba, El Salvador, la Jamaique, Haiti, le Suriname, Antigua et Barbuda et la République Dominicaine, et la Banque du Sud et la Communauté économique des États latino-américains et caribéens (CELAC).

Aujourd'hui, ce courant progressiste est en pleine tourmente partout dans la région. En témoigne, la victoire de la droite en Argentine, la destitution de Dilma Rousseff au Brésil, la défaite référendaire du Bolivien Evo Morales Ayma ou la défaite aux législatives des chavistes et la crise sans précédente que connaît le Venezuela. Peut-être, cette victoire, permettra-t-elle un vaste mouvement de décollage de la Gauche sur le sous-continent.