Plus le temps passe, moins les choses s’arrangent. La condition des LGBT en Tunisie pourrait être résumée par cette simple phrase. Malgré la réussite du printemps arabe, l’acquisition de nouveaux droits avec l'adoption de la constitution de 2014, l’homosexualité reste malgré tout un crime en Tunisie, passible de 3 ans de prison ferme. Dimanche, alors que la France trépignait de savoir qui était son nouveau président, la police judiciaire faisait une descente près de Bab El Bhar. 4 jeunes gens, deux âgés entre 23 et 18 ans, et deux autres mineurs ont été arrêtés pour « soupçon d’homosexualité ».

Des militants des droits de l’homme sur place rapportent que des « tests anaux » auraient été pratiqués de force sur les personnes en question, et ce bien que l’Ordre des médecins de Tunisie ait publié le 3 avril 2017 une déclaration demandant « l’arrêt des examens forcés des parties anales et génitales ». Ces tests, dégradants et n’ayant aucune valeur scientifique, sont censés établir une preuve irréfutable d’homosexualité.

Homophobie ordinaire en Tunisie

Comme dans la Tchétchénie de Kadyrov, le militantisme LGBT dans un pays comme la Tunisie n’est en rien comparable à celui d’Europe, dans la mesure où les militants subissent une pression constante, aussi bien de la part de l’Etat, la police, que d’une partie de la population.

Plusieurs associations – à l’image de Shams, fer de lance de la cause LGBT en Tunisie – et groupes d’activistes s’activent à lutter contre l’homophobie et les violences, mais la plupart du temps leur action se limite à la protection des personnes inquiétées pour leur genre ou leur orientation sexuelle.

Mais si les dizaines de cas de violences, de viols, de suicides et de meurtres sont rarement relayé dans la presse étrangère, une seule affaire a changé quelque peu la donne.

Le 13 mars 2017, les internautes tunisiens se mobilisent pour dénoncer l’arrestation du cinéaste Karim Belhaj. Arrêté à son domicile en compagnie de son amant, ils furent tous deux placés sous mandat de dépôt après avoir reconnu leur homosexualité. Le juge d’instruction en charge de l’affaire n’hésitera pas non plus à ordonner un test anal.

C’est de ce contexte délicat que s’organise la célébration de la prochaine journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, qui aura lieu le 17 mai 2017. L’occasion pour les militants de sensibiliser la société civile à l’homophobie galopante dans le pays. Cette journée (qui sera célébrée dans 60 pays) est surtout l’occasion de mettre en évidence les violences et l’intolérance à l’encontre des homosexuels. L’une des revendications principales reste l’abrogation de l’article 230 du Code pénal de 1913, qui criminalise la sodomie entre adultes consentants.