L’on sait un peu plus sur le contenu des 5000 pages de preuves que le bureau de la procureure de la Cour Pénale Internationale (cpi) envisage déposer sur la table des juges. En effet, depuis le 31 juillet 2017, Fatou Bensouda veut déposer plus de 987 vidéos et 5000 pages de preuves contre l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.

De vieilles preuves subitement ressuscitées

Ces preuves existaient depuis bien longtemps. Selon des sources concordantes, proches de la CPI citées par un organe de presse ivoirien, ces « nouvelles preuves » que Fatou Bensouda veut ajouter à sa liste de preuves à charge contiennent en réalité les conclusions et les observations des experts coptés par la CPI pour élucider certaines scènes de crimes lors de la crise post-électorale de 2010-2011.

« La requête de l’accusation demande à la Chambre de première instance l'autorisation de présenter des preuves vidéos conformément aux paragraphes 43 et 44 de la déontologie des procédures. (…) Chaque élément vidéo dure entre trente minutes et deux heures. En tenant compte de cette quantité de documents, les annexes de l'accusation contiennent une grande quantité d'informations. L'annexe A dans laquelle l'accusation détaille le contenu de chaque segment RTI est de 1 137 pages » avait écrit Fatou Bensouda. Les annexes B2, B3, C1 et D, dans lesquelles l'Accusation prévoit la pertinence, l'authenticité et la valeur probante des vidéos, font collectivement 661 pages. Il y a 125 vidéos de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), 15 vidéos supplémentaires qui ne figurent pas dans la liste des éléments de preuves de l'accusation et 60 autres vidéos.

Comme indiqué, ces vidéos et documents ne sont autres que les conclusions des experts que la CPI avait mandatés il y a plus de cinq années pour faire la lumière sur des scènes de crimes commis tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. Il s'agit en effet des crimes commis à Yopougon aux quartiers Lem, Doukouré et Yaoséhi, le bombardement présumé du marché Siaka Koné, la marche des femmes du RDR le 3 mars 2011 à Abobo, les tueries liées à la marche 16 décembre 2010 sur la RTI.

l'enlèvement et assassinat de Yves Lamblin, Stephane Di Rippel et leurs compagnons d'infortune à l'hôtel Novotel au Plateau.

Les juges face à leurs responsabilités

Les juges de la Chambre de première instance I de la CPI doivent savoir que certains auteurs présumés de ces crimes ont été blanchis lors d'un procès en assises à Abidjan. Ils ne devraient donc pas donner une suite favorable à la requête de l'Accusation de déposer ces 5000 pages de preuves ou à défaut les réduire.