De plus en plus d’opposants au Franc CFA, monnaie partagée par quinze pays africains et garantie par le Trésor français, se font entendre depuis la fin du mois d’août. La contestation est d’ailleurs virulente sur les réseaux sociaux, et ne manque parfois pas d’humour et d’inventivité. Le débat peut d’ailleurs vite s’embraser grâce aux nouvelles technologies…

Des arrestations de quelques militants opposés à la politique française en cours en Afrique ont provoqué une émotion certaine, et les jeunes semblent s’installer au premier plan dans cette lutte.

La volonté de balayer le système monétaire en cours actuellement se double d’un questionnement visant à voir sous quelles conditions celui-ci peut perdurer ou évoluer. Une poignée d’économistes et d’activistes veulent toutefois précipiter la fin du CFA.

Ce redoublement d’effort citoyen a été accéléré par les affaires judiciaires qui touchent le Franco-Béninois Kémi Séba, qui est d’ailleurs un grand opposant au système en cours. Ses supporters ont également posté sur Facebook des photos-montages de francs CFA en train de frire à la poêle ou déposés entre deux tranches de pain…

Le débat sur ce sujet fait rage depuis longtemps, et oppose les économistes africains. Il se trouve que le taux de change fixe de cette monnaie favorise la compétitivité à l’international, permet de résister aux chocs, et impulse les entrées d’investissements qui viennent de l’étranger.

Ceci n’empêche bien évidemment pas beaucoup d’africains de se poser des questions par rapport à ce système monétaire venant de l’extérieur.

Le franc CFA : un sujet à nouveau polémique

Des économistes comme Edoh Amenounvé ou Lionel Zinsou n’hésitent pas à affirmer que le franc CFA doit être maintenu. Les opposants, tels que Moussa Dembélé, Martial Ze Belinga ou Kako Nubupko tiennent toutefois un bien autre discours.

Ceux-ci précisent que cette monnaie est bien trop puissante pour des pays en voie de développement. Les systèmes de comptes d’opérations sont également dans leur viseur. En effet, les banques centrales de certains pays africains doivent déposer, en contrepartie d’une garantie de convertibilité illimitée, 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor français…

Cette politique monétaire venant des banques centrales de cette zone franc CFA est donc, par certains aspects, trop handicapante pour les économies des pays africains de cette zone financière.

Et les arguments politiques entrent ainsi en compte.

Des intellectuels africains, comme Nicolas Agbohou, affirment qu’il s’agit d’une forme de néocolonialisme, qui permet à la France de profiter des bienfaits de ses anciennes ''propriétés''. Encore faut-il voir si cet argument résiste face à la mondialisation.

Toutefois, les perspectives économiques du FMI qui concernent l'UEMOA sont favorables. En effet, cette zone économique d’Afrique subsaharienne est très dynamique. Cela ne vaut toutefois pas pour les pays francophones d’Afrique centrale, qui subissent les affres de la crise pétrolière et du déficit démographique…

Que va-t-il advenir du débat concernant le franc CFA ? Le maintien (ou non) du système monétaire actuel peut être constructif, mais aussi destructif. En tout cas, celui-ci a montré ses limites. Ne serait-ce qu’au niveau de la population. La voie d’une souveraineté monétaire commence peut-être à être tracée…