Réunis au Luxembourg ce lundi 23 octobre pour une séance de travail, les ministres du travail des 28 pays membres de l'UE sont finalement tombés d'accord pour une révision de la directive sur le Travail détaché remontant à 1996. C'est sans nul doute une victoire significative pour le président Macron, la première de son quinquennat sur le plan européen. Une avancée sociale forte en symboles alors que de nombreux observateurs et politiques jugeaient le Chef de l'Etat incapable de faire bouger les lignes de l'Europe.

Une annonce qui va d'ailleurs en droite ligne de la pensée du jeune président français qui ambitionne plus que jamais l'idée d'une "Europe qui protège".

Après un peu plus d'une douzaine d'heures d'harpres discussions, le texte de compromis porté par Muriel Pénicaud a été validé par le conseil des ministres européens.

À noter que les pays qui opposaient le plus de résistance à tout changement comme la Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie et la République tchèque, ont fini par s'aligner derrière la France. D'un autre côté, la Pologne, la Hongrie, la Lettonie et la Lituanie sont les seuls pays à avoir choisi de voter contre.

La méthode Macron fait son chemin

À l'annonce de l'accord trouvé, l'Élysée n'a pas manqué de saluer une décision "ambitieuse", estimant qu'il s'agissait d'une victoire claire pour l'Europe sociale. La ministre du travail Muriel Penicaud s'est elle empressée de souligner que "les conditions d'exercice dans le marché intérieur seront plus équitables pour les entreprises".

C'est bien la preuve de la véritable force imprimée par Emmanuel Macron dans sa démarche. L'instauration d'un vrai couloir de négociations loin des procédés classiques de la seule stature pour s'imposer.

Ce qu'il faut savoir des aménagements obtenus par le Gouvernement

Dans le fond, le président Macron a obtenu de ramener à 12 mois la durée maximale du détachement alors qu'elle était initialement recommandée à 24 mois.

De plus, si la mesure est jugée protectionniste en Europe de l'est, elle laisse néanmoins la possibilité aux entreprises de solliciter une extension de six mois auprès de l'État d'accueil des salariés, sous couvert d'une motivation.

Bien sûr, pour arriver à un tel consensus, Paris aura dû lâcher du leste. D'une part, la date d'entrée en vigueur de la nouvelle directive, au moins quatre mois après adoption.

Et d'autre part, des exemptions sollicitées par Madrid et à accorder dans le secteur crucial des transports.

Le président français entend donc que la directive ne s'appliquera aux transports qu'au moment où un texte européen spécifique précisera les règles sociales applicables. Une victoire précieuse sur le plan social alors que l'image de "président des riches" n'arrête pas de le suivre depuis le début du mois.