L'Allemagne est dans une crise sans précédent. Depuis 1949, c'est la première fois qu'un Chancelier, en l’occurrence une Chancelière, échoue à former un gouvernement. En effet, après un mois de négociations, Angela Merkel n'est pas parvenue à mener à bien sa mission de formation d'un gouvernement de coalition. Mais la Chancelière se veut confiance quant à l'avenir. Angela Merkel a indiqué qu'elle préférait affronter de nouvelles élections plutôt que d'essayer de gouverner dans un gouvernement minoritaire, Merkel, qui a dirigé trois coalitions depuis 2005, a déclaré qu'elle était « très sceptique » sur le fait de gouverner un gouvernement minoritaire et a suggéré qu'elle se présenterait à nouveau comme candidate si les élections étaient convoquées pour la nouvelle année.

Les discussions en vue de former un gouvernement se sont effondrées dimanche soir après que le Parti libéral démocrate (FDP) a quitté la table des négociations où figuraient les chrétiens démocrates de Merkel, son parti frère bavarois, l'Union chrétienne sociale (CSU) et le Parti vert. Pour rappel, les élections de septembre dernier avaient vu Angela Merkel l'emporter, mais avec une part réduite du vote et avec le FDP et les Verts comme ses seuls partenaires de coalition plausibles.

Du jamais vu depuis 1949 en Allemagne

Le président allemand avait pourtant exhorté les partis politiques à reprendre leurs efforts pour construire une coalition gouvernementale à la suite d'une rencontre avec Merkel.

« Je m'attends à ce que les parties fassent la formation d'un nouveau gouvernement dans un avenir prévisible », a déclaré Frank-Walter Steinmeier, ajoutant que les partis avaient une responsabilité qui « ne peut être simplement rendue aux électeurs ». L'incertitude qui touche Berlin soulève également des inquiétudes en France, où Emmanuel Macron plaçait les espoirs de réformes de la zone euro dans le partenariat avec un gouvernement allemand fort.

« Il n'est pas dans l'intérêt de la France que les choses soient bloquées », a déclaré le président français lors d'une rencontre avec Bernard Accoyer, l'un des leaders du parti Les Républicains. Theresa May, première ministre britannique, a également fait part de son inquiétude, alors que le Grande-Bretagne est toujours en pleine période de négociations en vue du Brexit.

« En tant que chancelier, je ferai tout pour que ce pays soit bien géré dans les semaines difficiles à venir », a simplement déclaré Angela Merkel.

La situation de l'Allemagne inquiète la France

Malgré l'appel du président allemand, la possibilité de nouvelles élections au printemps 2018 prend de l'épaisseur au fil des jours. La constitution allemande exige que le président nomme un chancelier pour approbation par le parlement allemand, le Bundestag. Si aucun gouvernement stable ne peut être formé après trois tours de scrutin, le président devra demander aux Allemands de revenir aux urnes. Le parti social-démocrate a exclu lundi des discussions sur un arrangement similaire pour les quatre prochaines années et a signalé son envie d'un retour aux urnes, bloquant ainsi toute possibilité d'accord.

« Deux mois après les élections fédérales, l'Union chrétienne-démocrate, les Verts et le FDP ont mis l'Allemagne dans une situation difficile », a déclaré le leader du SPD, Martin Schulz. « Nous considérons qu'il est important que les citoyens aient l'opportunité de reconsidérer la situation. Nous n'avons pas peur de nouvelles élections ». Des élections où chaque parti semble convaincu d'être capable de tirer son épingle du jeu. Mais en attendant le printemps 2018, c'est toute l'Europe qui tremble en raison de l'instabilité allemande.