Carles Puigdemont, fraîchement destitué de son poste de président de la Catalogne, est maintenant connu comme l'homme qui veut quitter l'Espagne. Et c'est ce qu'il a fait ce lundi, juste après sa destitution : une voiture qui l'a conduit jusqu'à Marseille, d'où il a pris un avion pour la Belgique en compagnie de 13 de ses collaborateurs. Et ce au mépris de l'annonce de poursuites judiciaires par le parquet espagnol, pour cet acte de rébellion dont il a fait preuve en décidant d'organiser l'indépendance de la Catalogne. Il risque aujourd'hui jusqu'à trente ans de prison, pour rébellion, sédition et abus de fonds publics.

"Il ne va pas à Madrid, et j'ai proposé qu'on l'interroge ici, en Belgique."

Paul Bekaert, l'avocat belge de l'ex président catalan, a annoncé aujourd'hui devant la télévision publique catalane cette proposition qui évite à Carles Puigdemont de rentrer à Madrid pour y être auditionné. L'avocat explique que ce genre de cas s'est déjà produit dans le passé, et qu'il n'y a rien là d'extraordinaire. Il souhaite que son client bénéficie d'un "procès impartial", assurant qu'il vérifiera que "les peines encourues ne soient pas disproportionnées, et les droits fondamentaux soient respectés". Il estime en effet que son client fait l'objet d'un "désir de vengeance" de la part de Madrid.

Devant la chaîne publique néerlandaise, Paul Bekaert justifie le refus de Carles Puigdemont de rentrer en Espagne à cause du trop grand risque qu'il y soit arrêté.

La condition demandée par l'ancien président de la Catalogne est la garantie d'une procédure judiciaire équitable. Le temps qu'il passera à Bruxelles reste donc indéterminé. Carles Puigdemont explique cependant que son départ pour la Belgique n'est pas motivé par une "demande d'asile politique", mais par une possibilité d'"agir en toute liberté et sécurité".

Il a accepté la décision de Madrid concernant les élections prévues le 21 décembre prochain, confiant que les nationalistes catalans se déplaceront pour voter.

L'inquiétude de la Belgique

La Belgique, connue pour son instabilité politique, s'inquiète aujourd'hui du risque de dégradation de ses relations avec Madrid si elle abrite un ennemi de son gouvernement.

Selon l'ancien Premier Ministre belge, Elio Di Rupo, "la crédibilité internationale de la Belgique est en jeu".

En Europe et aux États-Unis, personne n'est prêt à accorder à Carles Puigdemont une quelconque légitimité. Le président français Emmanuel Macron ne reconnaît que l'autorité de Mariano Rajoy, qu'il soutient fermement. Même chose pour Angela Merkel en Allemagne.

Carles Puigdemont est convoqué ce jeudi matin à 9h par une juge d'instruction de l'Audience nationale à Madrid, habilitée dans les cas les plus complexes. S'il ne se présente pas, le parquet peut demander son arrestation grâce à un mandat d'arrêt européen adressé à la Belgique.