Réunis ce vendredi à l'Élysée sur fond de crispations liées au bouleversement de la société turque ces derniers mois, Emmanuel Macron et Recep Tayyip Ergodan ont longuement évoqué l'avenir du partenariat qui lie les deux puissances.

Pour cette entrevue vivement critiquée par une partie de gauche française, le président Macron s'est voulu comme à son habitude éminemment pragmatique. Hors de question pour lui donc de jouer la carte de l'idéalisme quand il sait le poids de la Turquie sur de nombreux sujets brûlants qui se présentent face à la France.

L'avenir de l'Europe, la résolution de la crise syrienne, la situation au Proche-Orient, les chefs d'État n'auront rien laissé en suspens, pas même le sensible dossier des Droits de l'homme qui fait tant débat en Turquie.

Ankara, un partenaire essentiel à l'Europe

Le renforcement de son pouvoir et la série de purges qu'il a institués dans son pays depuis le putsch manqué de 2016 ont rendu Recep Tayyip Erdogan indésirable au sein de l'UE. Une situation que déplore le chef d'État turc qui a avoué ne rien comprendre à la position dans laquelle l'Europe maintient la Turquie depuis de longues années.

Emmanuel Macron s'est donc fait fort de renouer le dialogue avec celui qu'il qualifie de "partenaire essentiel" dans la résolution de nombreux défis européens comme la crise migratoire. Le président français a fait le choix d'ouvrir la porte à une nouvelle relation entre l'Europe et Ankara.

La Turquie, allié de la France dans la lutte contre le terrorisme

La lutte contre le terrorisme a constitué un point culminant dans l'échange entre les deux hommes qui se disent mutuellement satisfaits des efforts consentis en la matière. Le chef de l'État français a d'ailleurs salué la qualité des services qui s'opèrent avec le soutien de son homologue turc.

Et si la poursuite de la lutte contre Daech est resté un pan important des discussions, la reconstruction de la Syrie se présente déjà comme une priorité aux yeux des deux nations. La France et la Turquie espèrent donc mettre en place un cadre propice à la paix et à l'établissement une démocratie sur le sol syrien.

Erdogan demeure intransigeant

S'il entend coopérer avec la France sur un certain nombre de dossiers, le président turc estime n'avoir aucune leçon de gouvernance à recevoir. Avis donc aux journalistes et aux organismes de défense des droits de l'homme qui avaient espéré voir son homologue français l'épingler net au poteau. Emmanuel Macron aura d'ailleurs tenu à se montrer plus prudent sur le sujet qu'il ne l'avait fait avec Donald Trump et Vladimir Poutine. Pas d'invective donc, mais le subtil rappel que "les démocraties qui combattent le terrorisme se doivent de toujours respecter l'État de droit".