En 1817 Stendhal, en voyage à Florence, a été pris d’un « syndrome du voyageur », aujourd’hui nommé d’après son nom : le syndrome de Stendhal. Se manifestant sous la forme de vertiges, perte du sentiment d’identité, suffocation, tachycardie, délire, le syndrome de Stendhal ne vous permet clairement pas de jouer à l’artiste maudit, cheveux aux vents, regard sombre tourné vers l’horizon. En revanche, vous pouvez faire valoir qu’il s’agit d’une surcharge d’émotions face à la beauté des œuvres d’art, engendrant vertige avec extase ou angoisse. Mais je ne suis pas certaine que ça vous permettra d’obtenir une réduction des billets dans les musées.

Le syndrome de Jérusalem

En pèlerinage religieux ou non, vous pouvez être touchés par cet étrange épisode psychotique aigu lors d’un séjour dans la ville trois fois sainte et désormais au coeur de la polémique. En plus de symptômes comme l’anxiété, le stress ou le désir d’isolement, le délire mystique, le syndrome de Jérusalem s’accompagne de troubles du comportement. En effet, après vous être purifié frénétiquement (ablutions et ongles coupés courts), vous serez pris de l’irrésistible envie de vous draper dans une toge blanche pour partir prêcher l’amour universel.

Le syndrome de Paris

Peut-être un peu plus connu, le syndrome de Paris s’adresse essentiellement aux Japonais en visite dans notre capitale.

Il se traduit par un mal-être important des touristes face à des situations auxquelles ils ne s’attendaient pas, ayant idéalisé la culture française en une image romantique : saleté, impression d’hostilité, discussions animées… Le clivage culturel est important et peut déboucher sur des bouffées délirantes avec des idées de persécution, et des hallucinations…

Le syndrome de l’Inde

L’évocation de l’Inde nous inspire l’image de temples somptueux, les drapés, les couleurs...

Elle est aussi associée à l’idée de voyage initiatique. Cependant, une fois sur place, le choc culturel est tel que certains touristes perdent pied. Avec le syndrome de l’Inde, doucement, ils sont envahis de bouffées délirantes au bout de quelques semaines, accompagnées d’hallucinations, souvent d’ordre persécutive ou mystique.

Il est même arrivé que des touristes décident de faire vœu de pauvreté et jettent leurs billets dans la rue.

Le syndrome de Tokyo

C’est le pendant du syndrome de Paris. Vengeance des Japonais. Le syndrome de Tokyo touche donc les étrangers de passage au Japon et provient d’un décalage faisant suite aux attentes fantasmées et aux a priori sur la vie quotidienne, notamment à cause des constructions manichéennes dans les mangas et dramas. Ajoutons à cela que les touristes peuvent se sentir complètement perdus du fait du système d’écriture complètement différent, induisant un manque de repère total… Bref, le tout peut alors mener à une dépression.

Le syndrome des îles

Celui-là est sacrément pervers.

Imaginez : vous avez rêvé toute l’année de ces vacances sur une île au soleil. Pire, vous avez peut-être tout plaqué pour aller y vivre. Plages de sable blanc, eaux turquoises, bref : le dépaysement total, comme dans un film ! Vous allez enfin pouvoir savourer ces lieux mystérieux qui conservent en eux les restes de civilisations anciennes et sacrées. Ou pas. Le marché de l’emploi est saturé et le coût de la vie infernal. La lune de miel est finie et il faut désormais vivre avec un sentiment d’enfermement, une anxiété et un état dépressif.

Bref, soyez gentils avec les vacanciers en visite : ils ne vivent pas des moments faciles !