Il fut un temps, lointain, lorsque l'Homme dans sa marche inélégante croisait d'avantage de mammouths que de patrouilles de policiers, le lever à l'aube était une nécessité absolue, une raison vitale. Pas question de traîner sous la peau de bête jusqu'à midi !

La quête de nourriture était un impératif absolu auquel il fallait s'adonner sans relâche. Enfilant prestement sa tenue préférée, l'homme de Cro-Magnon (il ne s'agit pas ici d'un quartier de la banlieue, mais d'une catégorie développée de notre ancêtre) se mettait en route pour cueillir des fruits et chasser ses proies.

Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, n'écoutant que son estomac et les cris de sa progéniture, l'instinct de survie supplantait toute autre envie : l'homme quittait la grotte douillette pendant que madame prenait soin de la descendance. Lorsque la nourriture se faisait rare, le groupe changeait alors de terrain de chasse, s'obligeant à des déplacements perpétuels... même en dehors des périodes de vacances scolaires.

Peu importe les douleurs musculaires, les cors au pied et les ampoules palmaires, remplir la réserve était la seule règle. Mais tout homme, si vaillant soit-il, a ses faiblesses. Et c'est à ce point de cette histoire palpitante que nous mettons le doigt sur ce qui fera définitivement basculer l'Histoire de l'humanité:l'aide accordée par le chef de clan à celui qui se trouve dans l'impossibilité temporaire de chasser.

Aujourd'hui, nos glorieux politiques nommeraient cela : indemnité temporaire pour incapacité professionnelle. On n'a rien inventé ! Le malheureux ne pouvant se joindre au groupe des chasseurs reçoit un quartier de viande et tombe dans la spirale infernale de l'assistance.

Et nous ?

Il faudrait être abject pour critiquer les aides mises en place dans les sociétés modernes afin de soutenir les plus défavorisés.

Mais rien non plus ne s'oppose à un droit de questionnement, non pas polémique mais purement intellectuel: n'est-ce pas cette même société qui se fait un devoir d'aider les plus démunis qui a enfanté la misère ?Est-il définitivement trop tard pour enseigner à un grand nombre de nos concitoyens la nécessité de croire en soi avant de miser dans un système social agonisant ?

Cette distribution d'aides sociales, à coups de millions, n'ampute-elle pas la dignité, n'avilit-elle pas la raison d'être de tout être humain dont la destinée première doit êtrela recherche du bonheur ?

Le chantage muet et sournoisdu monde politique...

Par acquis de conscience, personne ne soutiendra l'idée que ceux qui dépendent des aides en abusent. Nous ne sommes plus à l'époque des mammouths, même si certains scientifiques s'évertuent à vouloir les faire renaître... Par contre les chefs de clans existent toujours et si les moyens de chasser ont évolué, il est bien évident que les concernant, rien n'a changé. Quand le peuple se bat pour manger, la classe politique se bat pour obtenir le pouvoir et là ce n'est pas l'estomac qui commande, mais un ego surdimensionné qui n'a que faire du bien-être du chasseur cueilleur.

Balancer de temps en temps un morceau de gigot c'est s'assurer le soutien de ceux qui aiment en manger et c'est aussi le moyen de se donner des airs de bienfaiteur incontournable. Peut-être est-il grand temps de se contenter de manger les cerises de son arbre plutôt que d'envisager le mouton du voisin, obligeant ainsi le monde politique à faire dignement ce pourquoi la société le paie grassement.

Méfiance donc : ce qui est présenté comme une aide peut devenir une chaîne et un boulet!