Faire la politique de l'autruche, c'est refuser d'accepter le danger. Curieusement, sur le continent africain, c'est cette politique qui nous plaît. Ainsi, en Afrique, lorsque le danger pointe à l'horizon, d'abord, on le minimise. Ensuite, c'est dans les dernières minutes, voire les dernières secondes qui précèdent la production effective du danger, qu'on s'active pour rechercher les solutions idoines. Et ce avec tous les moyens, les bons comme les mauvais, parce que nous sommes dans l'improvisation. Enfin, quand le danger finit par produire ses dégâts, le plus souvent irréparables, c'est alors qu'apparaissent les médecins après la mort pour expliquer le danger, et comment il aurait fallu l'éviter.

On se demande alors où étaient tous ces « spécialistes » lorsque le danger menaçait. Deux raisons justifient cet état de choses :

1) Nos dirigeants africains s'entourent le plus souvent de conseillers qui n'obéissent qu'à un seul critère : l'appartenance clanique et tribale. De ce fait, ils ne tiennent pas compte des compétences professionnelles de ces agents.

2) La prétention des Africains de tout savoir, de maîtriser tous les domaines. A ce sujet, il suffit d'analyser les prises de paroles des Africains sur les enjeux politiques du continent. C'est l'improvisation à tous les niveaux. Par exemple, le sociologue parle à la place du médecin. Le médecin parle à la place du juriste. Le juriste s'improvise en psychologue.

Le psychologue se prend pour l'économiste. Le lettré de base veut se substituer à l'intellectuel de haut rang, etc.

Pour finir, les vrais compétents (et l'Afrique en compte un grand nombre) sont réduits au silence. Les incompétents sont au premier rang, pour semer la cacophonie, et rabaisser un peu plus notre continent. Il est temps que tout cela s'arrête.

Revenons à l'affaire Teodorin Obiang.

En droit pénal français, il est interdit de juger une personne deux fois dans la même affaire

Cela veut dire que si la Guinée Équatoriale avait jugé son vice-président dans ses propres tribunaux, en vertu du principe Non Bis In Idem, la France n'aurait pas cherché à le juger une seconde fois.

En effet, peu importe le jugement qui aurait été rendu, le droit pénal étant un droit régalien, l'essentiel, il fallait donner l'image d'une bonne justice dans le pays. On a en exemple le récent jugement de la directrice du FMI, Mme Christine Lagarde. Certains ont dénoncé le manque de sanction. Mais ce qui compte, et ce que l'histoire retiendra, c'est que justice a été rendue. Tel n'était pas le cas dans l'affaire Teodorin Obiang.

Les conseillers de l’État équato-guinéen ont une responsabilité pour leur politique de l'autruche : plutôt que de conseiller la voie judiciaire de son pays à l’État Equato-Guinéen, on l'a induit en erreur en lui indiquant une procédure inappropriée : celle de défendre l'immunité politique de son vice-président devant la Cour de Justice Internationale.

Cette mauvaise solution aura deux conséquences graves.

Les graves conséquences d'une procédure inadéquate

La première conséquence de l'évitement de la justice de son pays natal est que le vice-président d'un État étranger, d'un État souverain, sera jugé par un pays qui n'est pas le sien comme n'importe quel autre citoyen, de surcroît, comme n'importe quel malfrat. Humiliant pour l'Afrique, non ? N'y a-t-il pas de tribunaux en Guinée Équatoriale ? Bien sûr que oui. Seulement voilà, la Guinée Équatoriale a été induite en erreur de procédure dès le commencement.

La deuxième conséquence de l'erreur de procédure est la perte sûre et certaine des biens litigieux par la Guinée Équatoriale. En effet, si la qualification de « blanchiment d'argent » est retenue par la Cour, c'est le régime de l'article 2, Alinéa 1 de la Convention 8 novembre 1990 qui sera appliqué. En l'espèce, la sanction préconisée est la confiscation. Autrement dit, la France confisquera tous les biens litigieux, au détriment de la Guinée Équatoriale. La loi le lui permet pleinement.