Exercice de Médialogie. Comment titrer sur ce qu’a déclaré François Fillon au Journal du dimanche ? Utiliser "Fillon" , "François Fillon" ? "Penelopegate'' ou ''les accusations d'emploi fictif'' ? Ou, comme Le Figaro, ''François Fillon veut revaloriser les petites retraites'' (conséquence de l'attention portée à celle de son épouse ?) ? S'abstenir et titrer ''L'affaire Fillon trouve-t-elle ses racines dans le scandale Bygmalion'' (Libération) ? Étonnamment, Libération, enfin, son site, ne reprend pas les propos de F. Fillon, ce dimanche.

Penelopegate montant, démontant

Le Monde insiste sur la détermination de F. Fillon. Qui ne laissera pas la démocratie être abimée par des ''officines'' : ''Quel clan ai-je dérangé, quels intérêts ai-je remis en cause ?". Qui ne s'exprimera que devant la justice mais souligne que les montants versés à Penelope Fillon sont faux car ''on mélange le brut et le net''. Et aux enfants ? Argument déjà avancé par les fillonistes sur les réseaux sociaux, ne s'attachant d'ailleurs qu'aux salaires (inférieurs) versés par F. Fillon lui-même, en raison d'une règle voulant qu'un proche ne pouvait empocher plus de la moitié de l'allocation, et occultant ceux (supérieurs, la règle ne s'appliquant plus) consentis par son ex-suppléant & successeur, Marc Joulaud.

Lequel, d'ailleurs, ne s'exprime nulle part, mais a laissé son très jeune chef de cabinet de la mairie de Sablé rejoindre l'équipe Fillon à Paris (une libéralité des contribuables sablais ?). Le Monde reprend aussi cette vue sur le poids des tâches dévolues à Penelope Fillon dans son autre emploi, à La Revue des Deux Mondes (deux notes de lecture publiées, trois feuillets et demi) : "Elle aurait bien aimé en faire plus'' mais se serait heurtée à ''l'hostilité du directeur de la revue'' (qui a récemment consacré sa couverture à Fillon, François).

Bizarrement, Le Monde digresse en chute d'article, évoquant les propos très vagues de Gérard Larcher, sur Europe 1, estimant que ''le sujet, c'est la transparence''. Gérard Larcher, Xavier Bertrand, François Baroin peut-être, passent pour les roues de secours d'un plan B très ardu à élaborer. L'objectivité veut aussi de relever que Nicolas Sarkozy aurait, aux dires de F.

Fillon, exprimé sa sympathie. Objectivité ? Non, tout ce qui précède relève de ''la presse haineuse'', voire du fiel d'un ''journalope gauchiasse''. Alors, retournons la veste, postulons au Figaro. C'est après mûre réflexion que François Fillon a évoqué dans le JDD de nouvelles mesures ne figurant pas dans son livre ou son programme de candidat à la primaire. François Fillon (et non ''Fillon'' ou ''F. Fillon'') augmentera ''les petites retraites'', inférieures à mille euros, ''de plus de 300 euros par an''. Liliane, ne fais plus tes valises pour le Maroc, on reste en France, Fillon y va sauver notre retraite. Il y aura un chômage ''en dessous de 7%'' et les petits souliers des salariés vont profiter d'un ''abattement forfaitaire'' des cotisations salariales : gain moyen de 250 euros annuels.

Pas de recul sur l'âge de départ en retraite (65 ans), ni sur ''l'augmentation de la TVA'' (qui financera le gain annuel repris aux caisses du supermarché). Les ''présumés emplois fictifs'' sont furtivement évoqués, sans envisager que ces libéralités en découlent. Aurais-je la bonne idée de joindre ce qui précède à mon dossier de candidature au Figaro ? Serais-je mieux inspiré de titrer ''François Fillon au chevet des petites retraites'' et de tout reprendre par le début ? Ou de mettre en relief le ''Macron, c'est Hollande''. Car Fillon, pardon, François Fillon affirme (sans rire) que ''toute l'équipe gouvernementale de Hollande'' rejoint Macron. Si ce n'est déjà fait. Pour le moment, c'est aussi une partie de celle de Bruno Le Maire.

Euh, non, le cas de Jérôme Grand d'Esnon n'apporte que ''juste une voix supplémentaire à Emmanuel Macron'', estime Bruno Le Maire. Inutile d'en faire état. Ou de se demander quel ''clan'' élyséen renseigne si bien François Fillon.