Avant, pendant, après la prestation de serment de Donald Trump, les États-Unis vont vivre une semaine ‘’hectic’’, tout le temps des cérémonies, galas et manifestions (pour ou contre le nouveau président). On reverra sans doute de multiples affiches et affichettes d’Obama ‘’à la Shepard Fairey’’ (mais aussi d’autres, récentes, authentiques), celles de 2008 ayant fait le tour du monde entier. Ce sera démesuré. D’une part en raison de l’affluence à Washington, qui pourra atteindre, en fonction de la météo ou d’autres considérations, voire dépasser un million de visiteurs.

D’autre part, parce que les sommes en jeu seront colossales. On évoque un record absolu : près de, si ce n’est plus de 200 M$. La moitié sera consacrée à la sécurité des événements. Car convergeront non seulement des invités, des dizaines de milliers, mais aussi des participants, badauds ou manifestants. Pour Trump, comme la convergence des motards ‘’Bikers for Trump’’. Contre Trump : latinos, noirs, homos, écolos et bien sûr associations diverses, féministes en particulier, liées ou non, de près ou de loin aux démocrates. Les sommes proviendront des contribuables mais aussi de très riches donateurs privés (aucune limite à leur contribution), et d’entreprises (leurs dons sont plafonnés à un million).

En général, il y a un reliquat, que Donald Trump promet d’avance de reverser à des fondations charitables qu’il n’a pas voulu déjà nommer. Ce qui est sûr, c’est que ce sera folklorique… et possiblement, par moments ou endroits, plutôt agité.

Hope, dope, grope, nope

Le célèbre portrait du graphiste et artiste Shepard Fairey sera brandi, détourné par les uns et les autres.

Son créateur, qui a connu et apprécié humainement Barrack Obama, s’en est dit quelque peu déçu politiquement. Il s’était d’ailleurs prononcé pour Bernie Sanders, le démocrate concurrent d’Hillary Clinton. Il ne se soucie guère des pastiches de ses affiches qui peuvent louer ou conspuer Trump, voire être plus largement détournées.

Contre Trump, ‘’hope’’ devient ‘’nope’’ (nan, no way), mais aussi dope, ou grope (pour dénoncer l’avidité de l’homme d’affaires et aussi ses multiples histoires d’attouchements non sollicités). Pour Trump, espoir est remplacé par triomphe, ou par ‘’great again’’, &c. L’artiste ne s’est pas prêté à de telles réadaptations, mais sur son site, ObeyGiant, il a placé en libre accès diverses affiches représentant des femmes, afro-américaines, latinas, musulmanes, lesbiennes, mais aussi des Amérindiens, avec pour slogan récurrent ‘’nous le peuple’’ (nous protégeons les uns, les autres ; surmontons nos peurs ; défendons la dignité ; sommes indivisibles). D’autres affiches, dues à d’autres artistes, sont aussi proposées gratuitement, la plupart à tonalités féministes et destinées aux manifestantes de la Marche des femmes sur Washington.

Donald Trump ignore tout cela superbement et sur son compte Twitter, il a commencé à publier ses photos en compagnie de riches amis ou d’anciens combattants et blessés au combat. Il y aura de multiples galas, rencontres, en son honneur et celui du vice-président ; les festivités ont en fait débuté hier soir. Sur son compte Facebook, il publie aussi une photo du carton d’invitation du Comité d’organisation et de l’enveloppe frappée de l’un des divers sceaux de l’événement. Bref, il est comme à son habitude, très content de lui, ravi de tous les témoignages de sympathie ou d’appui. Il a même lancé (sur le site du parti républicain), une sorte de pétition ‘’Stand with Team Trump’’. Si nombre de célébrités bouderont très ostensiblement, prélats, rabbins, pasteurs, &c., seront au rendez-vous.

Six d’entre eux, dont le cardinal T. Dolan, prendront la parole (pour une minute ou 90 s d’actions de grâce). La décorative télé-évangéliste Paula White et Franklin, le fils de Billy Graham, seront de la partie. God is on Trump’s side pour rendre sa grandeur à l’Amérique… Il a déjà fait, selon Franklin Graham, ''reculer l'athéisme''. Lui reste à convertir la Chine.