Non, Benoît Hamon ne sera pas forcement le candidat unique du Parti socialiste et de ses satellites. N’entrons pas, avant d’obtenir des résultats définitifs, dans le chipotage sur les chiffres et pourcentages. Certes, l’avance de Benoît Hamon est presque confortable, et le PS a sauvé la face avec une participation certes inférieure aux deux millions espérés, mais supérieure au seuil de la crédibilité, 1,5 million. Mais Benoît Hamon doit faire face à deux difficultés : l’appui net d’Arnaud Montebourg se concrétisera, certes, mais non totalement ; il n’est pas considéré avoir la stature présidentielle chez les sympathisants de la gauche (et du centre-gauche).

Donc, Manuel Valls conserve de réelles chances de l’emporter, de très peu ou un plus nettement.

Le premier tour

Le premier tour ne préjuge que peu du second. Pour deux raisons. Hamon peut accélérer la fuite d’élus socialistes vers Emmanuel Macron. Des relais d’opinion en vue, qui ont peut-être, sans doute, porté Hamon en tête, peuvent se dire que Jean-Luc Mélenchon serait peut-être le candidat le plus efficace pour contrer François Fillon et Marine Le Pen. Et puis, il y a la masse des abstentionnistes du premier tour, qui peuvent estimer que Manuel Valls aura une meilleure stature, car ancien Premier ministre, il saura contrer, lors des débats, François Fillon. Sylvia Pinel a apporté son soutien à Manuel Valls.

Ce n’est pas une donnée arithmétique, mais une indication : la radicale de gauche exprime le choix d’une fraction importante de l’électorat de la gauche gouvernementale. Vincent Peillon ne se prononce pas mais signale ‘’les électeurs ont choisi d’aviver les antagonismes’’. François de Rugy se prononcera après avoir rencontré les deux challengers.

La suite pour Valls

Manuel Valls se veut rassembleur, félicitant tous les votants, les remerciant. Avec un mot pour les Français d’outre-Mer et de l’étranger. ‘’Rien n’est écrit’’. Il salue amicalement tous ces concurrents sauf Benoît Hamon : ‘’le choix assuré entre la défaite et la victoire possible, l’irréalisme et (…) [les réformes possibles]’’.

Il a aussi insisté sur la politique étrangère et l’attachement à l’Union européenne, la menace terroriste, le communautarisme, la laïcité, les droits des femmes. Tout y est passé, l’enseignement, le travail, la transition énergétique… ‘’Je ne crois pas au revenu universel (…) ce n’est pas ma conception du travail’’. Il promet ‘’plus de pouvoir d’achat’’. Ce fut ‘’je veux-je veux-je veux’’, très ‘’moi, président’’. Bref, il n’est pas que ‘’le candidat de la gauche’’, mais celui du devenir de la France…

La Primaire

Les bureaux de vote proposaient des bulletins blancs. Ils auraient fait un score supérieur à celui de Bennahamias (0,30% de mieux). Désaveux global ou volonté de verser un euro sans trancher ?

Parlons, à cette heure, un peu chiffres. Vincent Peillon en tête, le cumul des quatre candidats les mieux placés est inférieur à 16%. ‘’Dire que me choisir, c’est la défaite assurée, c’est de la vieille politique’’, a rétorqué Benoît Hamon au propos de Manuel Valls. Oui, mais la France n’est pas les États-Unis (enfin, si, moins marginalement qu’autrefois, et cela profite à Marine Le Pen). C’est pourquoi ce second tour, à moins que les résultats définitifs ne creusent l’écart entre Hamon et Valls (environ quatre pour cent pour le moment), sera vraiment, vraiment, très ouvert… Pour conclure, notons qu'une nouvelle fois, les résultats semblent infirmer ceux des sondages... Rappelons enfin que Jean-Luc Mélenchon voulait sans doute croire à un Manuel Valls en tête, prêt à se désister en faveur d'Emmanuel Macron.

Qu'en serait-il si Benoît Hamon l'emportait ? Mélenchon flanchirait-il, ou le contraire ? L'hypothèse semble exclue. Mais... La participation au second tour, si elle se renforce considérablement, éclaircira les supputations d'hypothèses.