Il fait apaiser les tensions qui ne cessent d’exister depuis 2005 (et même avant), entre les banlieues et les forces de l’ordre

J’interviens en tant que co-fondateur et ancien Secrétaire général du CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France). L’affaire Théo est grave, elle fait suite à celles d’Adama, et de Zyed et Bouna en 2005. La France a beaucoup de mal à construire une société qui fait exister sur son sol des populations hétérogènes. C’est le fruit de son histoire et de son passé esclavagiste, colonialiste et néo-colonialiste.

Dans une partie du subconscient collectif un Noir est appelé négro, un maghrébin bougnoul. On ne fait que reprendre les catégories historiques d’analyse des populations dites dominées. Le « négro » constitue une insulte qui désignait la notion de cafre. Le mot « bougnoul » est assez paradoxalement allemand, il désigne le concept de « rat » et les Allemands l’utilisaient pour désigner les Français de petite taille dans les tranchées au cours de la première guerre mondiale. Avec la guerre d’Algérie, les militaires français ont déplacé le concept qui caractérisait leurs parents et grands-parents vers les représentants musulmans du FNL. Un peu d’histoire ne fait pas de mal car nous vivons dans une société où la peur de désigner les choses de manière historique est la règle.

On se protège derrière l’immédiateté, on se tait ou on se révolte brutalement.

Il faut condamner avec fermeté les manifestations brutales à Bobigny, à Aulnay, à Strasbourg, à Nantes et dans d’autres villes de France à la suite de cette affaire Théo, car casser n’a jamais apporté une réponse idoine au problème que l’on veut dénoncer. En revanche, le viol de Théo ne peut et ne doit rester impuni. Ici et maintenant il faut le dénoncer, c’est ce que nous faisons. La justice ne doit pas trembler, nous ne sommes pas dans une République bananière à l’africaine.

Les faits de l’interpellation de Théo doivent être étudiés de façon scrupuleuse.

L’immigration, l’intégration des populations issues de l’empire français posent problème dans une société phénotypiquement qualifiée de blanche. Les nombreuses solutions concernant les politiques de la ville (reconsidération des banlieues au sein de nombreux dispositifs d’urbanisation, création des zones d’éducation prioritaire comme réponse à l’égarement sur les plans civique, citoyen des enfants nés français mais dont le phénotype est différent) ont toutes échouées.

Il ne s’agit ni d’accabler les forces de l’ordre et encore moins de les mettre au pilori car elles font un métier difficile (maintien de l’ordre, lutte contre le terrorisme). Il y a dans les forces de l’ordre des individus qui ne respectent pas la déontologie de leur métier. Il faut donc les punir.

C’est mon rôle de citoyen politique et politisé dans la lutte contre les Discriminations envers les minorités de tenir ce type de discours et d’appeler les candidats à l’élection présidentielle d’intégrer dans leur raisonnement une France globale et non multiculturelle. Je refuse le communautarisme au plan sociétal et religieux et je privilégie la citoyenneté française laïque et républicaine pour tous les Français, quel que soit leur phénotype.

Il reste aux minorités citoyennes (c’est une contradiction, mais c’est pour bien poser les problèmes) de rentrer dans la République en participant aux partis politiques, aux nombreuses associations, en passant des concours (ENA, Agrégation, Polytechnique …), en étant visibles dans le champ politique sociétal et en refusant la victimisation que certains partis politiques utilisent pour faire élire leurs dirigeants et se maintenir au pouvoir.

Aux populations noires, maghrébines et autres minorités, n’écoutez pas les oracles qui vous chantent des louanges pour leurs propres besoins, prenez à bras le corps votre citoyenneté française et n’ayez ni peur, ni honte de la faire valider en permanence dans vos actes, tant sur le plan des droits que celui des devoirs et des obligations.