Le sondage Odoxa pour France Info est consultable intégralement sur le site de l'institut. L'important n'est pas tant que les sympathisants de droite hors Front national ne croient ou ne croient pas à la sincérité de François Fillon. C'est surtout qu'ils sont un peu moins nombreux et encore plus crucial qu'ils soient 5% de moins à vouloir qu'ils se maintienne (tout en ne lui faisant guère confiance, 12% seulement lui font "tout à fait confiance"), parmi ses sympathisants hors FN, d'une semaine sur l'autre. À cela diverses raisons. Il existe encore une petite frange de sympathisants LR-UDI à lire encore la presse, à s'informer, et à considérer que l'accumulation des révélations non contestées, sinon par des gesticulations, mine la candidature du candidat investi.

Mais il en est d'autres…

Antisystème, jusqu'où ?

Depuis la parution de la chronique d'un abonné de Mediapart, Régis Desmarais, sur son blogue, et sa reprise par le site Fillon2017, le positionnement concerté de François Fillon en candidat antisystème peut faire sourciller. Jusqu'où ira-t-il maintenant pour l'établir ? Anne Méaux et l'équipe des communicants du candidat ont-ils vraiment mesuré l'impact, croient-ils réellement que François Fillon puisse incarner un Donald Trump français alors qu'il évite à présent toute référence aux volets économiques et sociaux de son programme ? Ensuite, tous les partisans de François Fillon, notamment les plus mûrs et plus âgés, votent aussi avec leur portefeuille.

Le leur, celui aussi de leurs descendants, enfants et petits-enfants. L'assureur non-mutualiste Axa a donc versé 200 000 euros d'honoraires au cabinet 2F Conseil dont François Fillon est le seul employé. Croit-on vraiment qu'il ait seulement travaillé sur la directive européenne Solvabilité, pour obtenir ce que Donald Trump instaure outre-Atlantique, soit de moindres contraintes financières ?

Les sympathisants LR-UDI se moquent bien que François Fillon ait empoché une telle somme (une de plus, une de moins, aucune importance). Qu'il y ait conflit d'intérêt manifeste (François Fillon était encore député) importe encore moins. Mais quand Marine Le Pen dénonce qu'il s'agit surtout de favoriser les grandes compagnies d'assurance afin qu'elles puissent "prendre la place de la Sécurité sociale", même qui paye cher une mutuelle ou une assurance privée, qui peut consentir à aider ses enfants à bénéficier d'une meilleure couverture sanitaire, peut s'inquiéter.

Il suffit de consulter le site Fillon2017 : François Fillon n'a pas remis en cause son programme mais attendrait à présent "un audit des comptes sociaux" effectué par "des experts indépendants". Presque tous issus de l'état-major de son ex-employeur ? Il s'agit toujours de "mieux articuler Sécurité sociale et organismes complémentaires". Le débat remonte au temps du CNPF (devenu Medef), à Denis Kessler, ancien de la Fédération française des sociétés d'assurances, devenu vice-président auprès du baron Ernest-Antoine Seillière. Outre-Atlantique, les élus républicains reculent devant la difficulté de démanteler l'Obamacare. François Fillon tiendrait-il ses promesses ou pas ? Dans un cas comme dans l'autre, il passe pour peu fiable et même dangereux, ou inversement trop souple, pour une fraction de ses partisans.

Ils étaient 68% à vouloir qu'ils se maintienne la semaine dernière, et 63% à présent. C'est suffisant pour museler ses concurrents au sein de LR, peut-être pour reculer les échéances judiciaires qui pourraient être lourdes de conséquences financières, trop étroit pour espérer l'emporter. Axa et d'autres ont tout intérêt à présent à financer tant le Front national qu'En Marche ! et tenter de négocier ce qui était attendu de François Fillon. Quant à une fraction croissante des assurés LR-UDI, ils ne sont nullement rassurés, ni même rassérénés. Et puis, subsiste la question des sanctions visant la Russie : elles sont dommageables au secteur de l'agro-alimentaire qui a perdu des marchés, mais d'autres secteurs en profitent.