Le revenu de base continue de faire son petit bonhomme de chemin. Cette proposition, également appelée "revenu universel", "revenu inconditionnel", "revenu d'existence" ou encore "revenu de vie" comporte divers aspects qui séduisent de plus en plus un électorat en quête de changement tant au niveau économique que social. Il est important de noter que certaines définitions de ce que l'on appelle le revenu de base s'avèrent être plus conservatrices, en impliquant notamment seulement une simple fusion des prestations sociales. Cette idée et cette méthode a ainsi trouvé ses soutiens parmi d'éminents économistes libéraux de l'Ecole de Chicago comme Milton Friedman.

Dans son ouvrage intitulé "Capitalisme et liberté" (1962), Friedman proposait ce que l'on appelle communément un "impôt négatif sur le revenu" (negative income tax) comme manière de financier le revenu de base, réduisant drastiquement la bureaucratie et l'administration de la sécurité sociale, avec à la clé une fusion de toutes les autres prestations sociales. Cependant, il est utile de rappeler que l'idée en elle-même est bien plus ancienne.

En effet, dans "La Justice Agraire" (1797), l'auteur anglais Thomas Paine, épris des idées et des valeurs des Lumières, défendait déjà mordicus l'idée d'un revenu minimum d'existence pour tous les sujets de sa Majesté ayant atteint leur majorité. Cette idée continuera de prospérer tout au long du XIXème siècle au sein du courant des socialistes utopiques comme le juriste belge Joseph Charlier.

Elle sera enfin reprise au XXème siècle par d'éminents philosophes à l'instar de Bertrand Russel et de John Rawls qui soulignèrent le caractère émancipateur d'une telle mesure. Le revenu de base comme nouvel instrument de sécurité sociale et comme opportunité pour l'économie du XXIème siècleLa question d'une nouvelle architecture de la sécurité sociale est de plus en plus débattue, notamment dans le cadre de l'élection présidentielle française de 2017 au sein des élites politiques, économiques, philosophiques et culturelles.

A cet égard, beaucoup d'experts précisent que la nouvelle économie (notamment avec la révolution de la robotique) va inexorablement amener une contraction toujours plus grande du marché du travail, avec une mécanisation accrue. Cela risque, hélas, d'engendrer la destruction d'un nombre non négligeable d'emplois. Ainsi, certaines couches de la population active pourraient se retrouver du jour au lendemain sans emploi et avec de maigres ressources.

A cet égard, certains patrons de grandes entreprises multinationales (comme Bill Gates, CEO de Microsoft), arguent qu'il serait intéressant de se poser la question d'un impôt sur les robots. Il est donc possible de voir à l'avenir la possibilité d'une politique fiscale vis-à-vis de la robotique.

Le revenu de base pourrait constituer une base d'existence élémentaire pour tout un chacun

En effet, cela pourrait permettre l'émancipation sociale mais aussi la créativité des citoyens, avec à la clé une possibilité plus grande de créer sa propre entreprise. De plus, une modernisation de notre politique de sécurité sociale - avec notamment la fusion de la grande majorité des prestations sociales - permettrait une plus grande transparence et visibilité en la matière.

Certes, il est impératif de clarifier une feuille de route par rapport à son financement et au montant alloué. Cela continuera de faire débat, au premier chef, dans le champs politique et économique.

Ces questions continueront d'être discutées âprement. La candidature de Benoît Hamon suite à son élection à la primaire de la gauche a indiscutablement renforcé la visibilité pour cette mesure et offre un formidable potentiel de mettre les idées en actes. Certes, cette idée continue de susciter curiosité, débat et parfois controverse. Si elle est mis en oeuvre, elle pourrait aider à combattre non seulement l'extrême pauvreté mais aussi à constituer un formidable tremplin pour éclore la créativité de tout un chacun.