Le Pouvoir est facilement associé à la domination, on s’incline devant lui par crainte ou bien par respect, sans besoin d'employer la force, lorsque cette autorité est jugée légitime. La "force" a cependant plusieurs visages. Ceux qui détiennent le pouvoir, les élites politiques par exemple, usent de la puissance du prestige, du statut social et des moyens matériels et relationnels qui vont avec et leur permettent d’exercer une influence. La séduction, la confiance, sont des outils d’influence, mais aussi la culpabilisation, le chantage, utiliser les peurs et proposer une protection, la gestion de l'information, l'appel à la raison, etc.

L'autorité était jusqu'ici le plus souvent rattachée à la fonction. Le notable, l'élu, le professeur, le curé, le responsable, le chef, le gradé, le policier, le père de famille incarnaient ce pouvoir.

La capacité d'un détenteur de pouvoir à maintenir l'adhésion de ses subordonnés ne va plus de soi. La reconnaissance de la légitimité du pouvoir et de son exercice par les subordonnés est l'une des conditions nécessaires à la soumission à l'autorité. L'identification positive au pouvoir et la perception de sa légitimité incite à s'y conformer, prendre comme modèle ou bien s’en différencier voir s'y opposer. Si le pouvoir peut inspirer la crainte, il vaut mieux qu'il inspire le respect pour durer, par ses valeurs, son savoir, ses compétences, son courage, sa sagesse.

Aujourd'hui, l'autorité ne découle plus naturellement du statut ou de la position lorsque l’exemplarité fait défaut. La soumission à un leader charismatique n’opère que si ses talents sont perçus comme exceptionnels. Concernant l'impacte de l'autorité sur l'efficacité d'un groupe, Kurt Lewin aura démontré la supériorité du style démocratique sur le laisser-faire total ou sur le style autoritaire.

La reconnaissance de l'autorité pose problème

Les hommes d'Etat doivent rendre des comptes et peuvent être jugés en cas de fautes graves : l’affaire Chirac à la suite d'une plainte déposée par un particulier pour dilapidation des biens publics, Pétain pour avoir collaboré, plusieurs ministres furent condamnés également. Partout dans le monde ou la justice est indépendante, des hommes d'état sont jugés.

Nixon et le scandale du Watergate, Berlusconi et le Rubygate. Même en Inde, la grève de la faim d'un homme Politique a obligé le gouvernement à adopter une loi plus ferme concernant la corruption et le jugement des hommes politiques. Mais dans les pays africains et arabes étiquetés de républiques bananières (sous l'oeil complaisant des anciennes puissances coloniales, pourvu qu’ils puissent continuer de les piller ou profiter de leurs matières premières) l'impunité instaurée de leurs dirigeants laisse la porte ouverte à tous les abus de pouvoir. Il n’est pas rare que des manœuvres politiques étrangères destituent indirectement et sournoisement le pouvoir qui les dérange. En Amérique du Sud, le président Salvador Allende (médecin et homme politique socialiste chilien, président du Chili entre 1970 et 73), s'il fut élu démocratiquement, ne servant pas les intérêts de la grande bourgeoise et des multinationales américaines, a conduit Rockefeller, le directeur de la CIA et Nixon à manigancer contre lui en soutenant la prise de pouvoir du général Pinochet.

Le palais présidentiel fut bombardé, 40.000 personnes détenues dans le stade national, 27.500 torturées et plus de 2279 assassinées, portées disparues ou exécutées sommairement. Mais Pinochet sera lui aussi rattrapé par la justice.

Mandela ou Gandhi sont de grands exemples de dévotion à la cause de leur peuple, prenant à coeur le destin de leur pays au point de s'appliquer à eux-mêmes les règles qu'ils jugeaient bon d'imposer aux autres. Mais comment une telle figure, non assujettie au pouvoir de l'argent, pourrait émerger dans un système ou l'avidité tient lieu d'ambition? Les grandes réformes sociétales ne sont jamais à l'initiative de l'élite dirigeante mais à celle de la population.