Fillon souhaite être Président de la République et être le garant de l’indépendance de l’institution judiciaire. Malheureusement, le Fillon austère et portant l’habit de présidentiable dérape et attaque la justice pour impartialité.

Fillon réclame une trêve pour les candidats confrontés à la justice ; et pourquoi ne pas étendre cette trêve à tous les Français confrontés à la justice ? Ce n’est pas très sérieux et Fillon participe à sa propre démonétisation politique car, dès le début du Pénélopegate, Fillon a très mal communiqué. Il a tenu des propos engagés du type « si je suis mis en examen, je pars ».

Il savait très bien qu’il ne pouvait pas tenir son engagement car ce qui l’intéresse, ce n’est pas le peuple français comme il le dit à satiété, c’est d’abord lui. Fillon, sûr de son ego et de son fait, veut devenir Président de la République, comme Sarkozy l’a été. Il a déposé ses parrainages au Conseil constitutionnel.

La véritable face de Fillon lâché par certains de ses soutiens

Fillon se dévoile car il était considéré comme taiseux et non bavard contrairement à Sarkozy. Fillon, comme tous les autres, a trempé ses doigts dans le pot de confiture et s’est fait prendre par la patrouille. L’UDI suspend son soutien à Fillon, Lellouche, député de Paris, demande à Fillon de se retirer et va poser la question du report de l’élection au Conseil constitutionnel.

Le dimanche 5 mars, Fillon et ses affidés organisent un rassemblement au Trocadéro. Ce rassemblement, même si Fillon s’en défend, est contre la justice qui, selon certains militants LR, n’aime pas Fillon. Il faut attendre ce rendez-vous démocratique du Trocadéro pour voir comment le peuple de Droite et les autres soutiennent ou non Fillon.

Appeler le peuple à se dresser contre le pouvoir judiciaire est une pratique illégale et amorale dans une démocratie re-distributive des droits et des obligations de chacun, surtout quand on est un homme politique qui veut occuper la plus haute fonction.

Convocation de Fillon par le Juge le 15 mars

Fillon va être convoqué par le Juge le 15 mars, il sera peut-être mis en examen.

Fillon a beaucoup de mal à tenir une communication claire et organisée. Certains militants LR sur les marchés refusent de tracter pour lui et on peut se demander, comme le font certains journaux, s’ils n’ont pas raison. Fillon apparaissait comme l’homme austère, intègre, sobre et moral. Cette sobriété et cette morale avaient trouvé écho au cours de la primaire quand Fillon a accusé Juppé et surtout Sarkozy de malversations financières en s’abritant sous le manteau du Général De Gaulle.

Que doit faire la justice ? Accélérer la procédure ou la ralentir ? Dans le premier cas, les fillonistes diront que les choses vont trop vite et, dans le second cas, les opposants à Fillon peuvent s’interroger sur la lenteur de la justice.

La France va voter sans connaitre les projets des candidats et sans en discuter au fond. Heureusement que les chaînes de télévision, TF1 le 20 mars, France 2 en avril, C-news et BFM toujours en avril vont organiser les débats entre candidats. Fillon, mis en examen ou pas, pourra toujours expliquer son programme en essayant de convaincre les Français, mais sera-t-il audible ? Fillon est comme le joueur de poker qui abat sa dernière carte. Il est content d’avoir les médias qui lui ont permis de le faire connaitre au cours de la primaire à Droite et qui vont peut-être l’aider à gagner l’élection présidentielle, même s'il les critique.

Tant pis pour la morale en politique. Les pays latins dont la France, donneuse de leçons en matière de gouvernance financière aux dirigeants africains, sait que ses dirigeants ne sont pas très corrects.

Dans un pays scandinave, Suède, Norvège, Fillon ne se serait pas présenter et aurait retiré sa candidature, mais voilà, la France éternelle, c’est la France avec ses compromissions argumentées et justifiées au nom de l’intérêt général.