Ce matin, le député de l'Essonne (député PS, car il faut encore le préciser) Manuel Valls a déclaré sur RMC qu'il voterait pour Emmanuel Macron dès le premier tour de l'élection présidentielle, ce qui a logiquement provoqué une levée de boucliers de la part des électeurs de la primaire de la gauche, qui ont voté à 60% pour Benoît Hamon. Selon ce dernier, sa décision ne relève pas de la traîtrise, mais de la cohérence vis-à-vis de ses idées, et de la peur d'avoir le choix au deuxième tour entre François Fillon et Marine Le Pen. Immédiatement, les sympathisants socialistes ont réclamé l'exclusion de l'ancien Premier ministre du parti, ce que les statuts du parti prévoient, mais le Premier secrétaire a refusé tout net.

Dégoût pour les principales personnalités du PS

Arnaud Montebourg, l'une des principales figures du parti, fidèle à Benoît Hamon dès l'annonce de sa défaite au premier tour de la primaire, a réagi avec colère à cette décision publique de Manuel Valls : " Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l'honneur d'un homme comme Manuel Valls : rien. Ce que vaut un homme sans honneur." Dans un communiqué d'urgence, Jean-Christophe Cambadélis a déclaré regretter ce ralliement, mais n'a évoqué aucune exclusion, et il dénoncera dans l'après-midi même les tenants d'une " Saint-Barthélémy du Parti socialiste." Jolie façon d'envoyer balader les 1 200 000 électeurs qui n'ont pas voté pour Manuel Valls, qui ont payé, et qui se voient volés.

Pourtant, les statuts du parti interdisent ce que vient de faire l'ancien Premier ministre :

" Les adhérents du parti acceptent la déclaration de principes et s'engagent à respecter les statuts, la Charte éthique, la Charte des socialistes pour le progrès humain et les décisions du parti. Ils ne peuvent appartenir à un autre parti, ou groupe politique relevant directement ou indirectement d'un parti autre que le Parti socialiste, hors le cas prévu à l'article 1.1.3.

Ils s'engagent à ne soutenir que les seuls candidats à des fonctions électives qui sont effectivement investis ou soutenus par le Parti socialiste."

Pour sa part, Benoît Hamon a exigé à la direction du parti des sanctions contre ceux qui appelleraient, dans le parti, à voter pour Emmanuel Macron, il est donc lui aussi visé par l'expression usée par Jean-Christophe Cambadélis : il est un " tenant de la Saint-Barthélémy du Parti socialiste." D'ailleurs, selon le Premier secrétaire, les militants appellent à une " purge ", ce qui est légitime étant donné la situation.

Bref, elle reste précaire pour le moment, en tout cas, la direction éléphantesque du parti refusant de jouer contre elle-même, ne serait-ce qu'en prenant une mesure de sanction symbolique contre Manuel Valls. A croire qu'il la terrorise. Le vote des électeurs est bafoué, et le parti est incapable de prendre les mesures qui s'imposent.