30 à 34% des jeunes de 18 à 34 ans sont prêts à voter pour Marine Le Pen comme l’indiquent certains Instituts de sondage. A la différence de ce qu’il s’est passé aux Etats Unis où la plupart des 18-24 ans instruits et diplômés ont voté pour le candidat de l’extrême gauche, Bernie Sanders, l’élection présidentielle française présente un profil tout à fait différent des jeunes qui vont voter pour Marine Le Pen. Globalement, ces jeunes "marinistes" vivent dans des territoires ruraux et se sentent déclassés par rapport à leurs parents. Ils ont le sentiment d’être victimes d’une mobilité professionnelle descendante.

La plupart de ces jeunes ont l’impression d’être des laissés pour compte, ils soutiennent Marine Le Pen contre la mondialisation et contre une Europe trop ouverte. Hollande, en 2012, avait réussi à parler à la jeunesse en promettant Monts et merveilles à leur endroit.

Certains jeunes estiment que le gouvernement et François Hollande n’ont pas tenu leurs promesses. Marine Le Pen est donc la candidate idoine pour eux car ils estiment que celle-ci répond à une partie de leurs problèmes. Ces jeunes qui votent Marine Le Pen sont victimes des changements brutaux de la société française qui se transforme, qui change et pour laquelle ils ont l’impression que l’Etat providence ne joue plus son rôle d’Etat protecteur.

Pour ces jeunes "marinistes", la candidate du Front National est un rempart contre une modernité trop agressive à leur goût. Ils estiment que Marine Le Pen les protège mieux contre la mondialisation alors que les autres candidats sont plus ouverts aux sirènes de la globalisation.

Pourquoi les autres partis (LR, PS, Centre, etc…) éprouvent des difficultés vis-à-vis du vote des jeunes.

Sur le plan politique, les jeunes qui votent Marine Le Pen, selon les sondages, estiment qu’ils peuvent être très vite députés, conseillers régionaux ou conseillers départementaux à un âge où, dans d’autres partis, on ne leur laisserait pas la place au nom de l’expérience et du droit d’aînesse qu’ils n’ont pas.

Chez les Républicains ou au Parti socialiste, les écluses de passage vers les postes de responsabilité sont trop importants et la plupart des jeunes estiment que ces partis ne participent pas du renouvellement des équipes et ne demandent pas aux jeunes d’occuper des postes de responsabilité. Certains sociologues estiment que les jeunes ont été déçus par les partis du système et que seule Marine Le Pen tient un langage de vérité.

Dans la nouvelle société salariale théorisée par Robert Castel (1995) sur les métamorphoses de la question sociale, les jeunes qui votent Marine Le Pen estiment que le monde du travail actuel les précarisent de façon fondamentale. Les partis traditionnels font une mauvaise analyse en continuant à les considérer une classe sociale homogène, au même titre que d’autres groupes sociaux qui seraient dominés par un marqueur professionnel.

Pour ces partis, les jeunes seraient dans l’antichambre du monde du travail alors que, pour Marine le Pen, ils sont déjà dans ce monde qui les précarise et qui les exclut. Cette exclusion conduit à la trappe de pauvreté et au déficit d’intégration, même pour des jeunes français qui ont un processus scolaire réussi avec des diplômes.

Les partis traditionnels sont dépassés par les idéologies, les valeurs et les cultures des jeunes

Les partis, dits du système, sont restés sur le diagnostic concernant les jeunes qui seraient partagés entre la nécessité d’une révolution, le recours à l’hédonisme et la montée en puissance de l’individualisme favorable au libéralisme économique et à l’individualisme.

A propos des jeunes, les partis traditionnels établissent un tableau univoque en regroupant tous les jeunes dans la catégorie jeunesse, ce qui, sociologiquement, n’a pas beaucoup de sens. Cette catégorisation est facilitée sur le plan politique par des analyses du type : les jeunes ne s’intéressent pas à la politique et constituent (ce qui est vrai) le nombre le plus important des abstentionnistes.

Tous les instituts de sondage le montrent: la politisation et la participation des jeunes aux différents scrutins montrent le peu d’intérêt de leur part d’aller voter. En revanche, pour l’élection présidentielle, même si l’abstention est plus forte chez les jeunes, les évolutions récentes montrent que les jeunes deviennent des électeurs stratégiques et non apathiques.

Ils perçoivent les clivages Droite/Gauche. Pour eux l’extrême Droite n’est pas dans cette axe Droite/Gauche. Marine le Pen n’a jamais exercé de pouvoir, elle est considérée comme neuve en politique. Pour ces jeunes, Marine n’a exercé le pouvoir. Elle les comprend et eux pensent que c’est le moment de s’investir dans la campagne aux côtés de Marine.