Pas plus que pour Civitas, partie prenante de l'Union des patriotes, je ne voterai sans doute jamais pour une ou un candidat du Parti Français et musulman. Quoique… S'il n'y avait face à lui ou elle qu'un Fillon (ou autre prévaricateur), va savoir. Faut-il approuver ou déplorer, condamner un parti se revendiquant d'une religion ? S'inquiéter (ou non) d'un parti s'intitulant quelque chose comme Français et de parentèles autrefois allogènes ? Je suis plutôt inquiet. Il y a déjà 61 partis qui pompent dans les poches des contribuables (à raison de 1,42 euro par voix recueillie sous certaines conditions).

Aussi parce que l'UDMF (Union des musulmans de France) proclame vouloir soutenir l'essor du commerce halal et de la finance islamique, que la plupart des candidates F&M sont voilées et les candidats barbus. Ce qui laisse présupposer l'expression politique d'un islam dont l'immuabilité intangible est le tant le soubassement que le faîte. En revanche, ce qui filtre du F&M semble en parfaite adéquation avec "les valeurs républicaines". Ce parti condamne sans la moindre ambigüité le terrorisme islamiste. Mais un parti qui semblerait fermé aux athées et agnostiques, voire à des personnes aux orientations sexuelles diverses, désolé, cela reste inacceptable… jusqu'à éclaircissements. Qui sont venus.

Sur un forum, l'un des animateurs du F&M commente : "notre parti est ouvert à tous, sans critère de refus basé sur la religion ou l'ethnie". Alors ?

Transitoire ?

On peut se demander d'où provient ce parti. Même si la diversité – comme on dit – n'est pas représentée à la mesure de son poids dans la société au sein des partis, elle est très loin d'être absente, beaucoup moins sous-représentée.

Sur Riposte laïque, l'une des auteures moins infréquentables car peu ou non-xénophobe, Sophie Durand, met en avant que la candidate Hanan Zahouani reconnaît "représenter uniquement [sa] communauté musulmane" alors qu'un député "représente l'ensemble de la Nation". Idéalement, oui, mais je n'imagine pas une députée PCF représentant les marchands de sommeil ou la hiérarchie des traders.

Riposte laïque et une multitude de sites proches du FN ou de la fachosphère ont fait leurs choux gras de la candidature F&M d'Hanan Zahouani (avec de rarissimes arguments convenables, d'autres tenant à son généreux décolleté). On en vient à comprendre, ou à se résigner, que des personnes de culte musulman et d'origines (lointaines ou récentes) allogènes tendent à se regrouper et exiger une forme de reconnaissance apaisée. Mais Fachosphère et formations à connotation communautariste feraient bien de s'interroger sur la poule et l'œuf… Sur la fuite vers le toujours plus et le toujours moins, qu'il s'agisse de mosquées ou de couscous-andouilles pur porc. La condamnation de l'ex-gouverneur de Jakarta, un chrétien indonésien, "Ahok" (sur surnom), pour blasphème, donne aussi à songer.

Il purge deux ans pour avoir commenté un verset du coran utilisé pour établir qu'un musulman ne peut élire qu'un autre musulman (voire sunnite en pays sunnite, chiite en pays chiite). Verra-t-on une, un élu du parti Français et musulman réclamer la réintroduction du délit de blasphème ? Je ne suppute absolument rien mais reflète ce qui peut être perçu ou ressenti, non par moi-même (je ne tente pas de faire croire que F&M soutiendra cette proposition), par qui réagit à son intitulé. À l'inverse, si l'intitulé d'un parti démocrate-chrétien ne soulève aucune objection, pourquoi s'inquiéter d'une formation musulmane démocrate ? Il reste qu'un parti pratiquant un prosélytisme cultuel, qu'il soit musulman ou autre, n'est pas ma tasse de grog.

Sans détestation aucune, les laïques résolus, Français et autres résidant en France, de diverses origines, souhaiteraient que cet intitulé soit transitoire : la reconnaissance de l'apport des musulmans à la culture, à l'économie, à la vie publique française, ne nous semblent pas antagonistes à cette opinion. Cependant, démocrates et républicains doivent aussi s'interroger. La création d'un tel parti n'est pas qu'une réponse à l'islamophobie de la fachosphère, elle peut refléter le sentiment d'une partie des républicains et démocrates musulmans de France estimant n'être pas assez considérés par leurs concitoyens. S'il s'agit de cela, il convient d'y remédier. S'il ne s'agit que d'un aspirateur à fonds, d'une réunion d'ambitions clientélistes sous couvert de religion (l'Union des patriotes ne cache pas que présenter des candidats vise à recueillir l'argent public), alors, il faudra dénoncer.

Dans le doute, on s'abstiendra… Cela étant, quel parti n'est pas aussi pompe à phynance et coalition d'ambitions sous couvert de… tant de choses. La seule obligation d'un parti politique est de "respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie". Tel doit être le cas de F&M. On a pu lui préférer le Mouvement ondulatoire unifié (de Pierre Dac), dont le slogan était "les temps sont durs, vive le mou !". Un parti si mou qu'il se liquéfia en un an. J'y reste fidèle. C'est donc 'mollement' que je conclus que la fondation du F&M est sans doute l'une des initiatives s'opposant durement à ces prédicateurs musulmans affirmant que "l'islam est incompatible avec la démocratie". Serait-ce indésirable ?