Les Républicains, par la voix de François Baroin, volent au secours de Valls qui est méprisé, humilié et déconsidéré par la République en marche qui est en fait la République d’Emmanuel Macron.

Valls est en train de payer le prix de son instabilité idéologique et stratégique, même s’il est considéré au sein du pôle réformateur du PS comme un élément important. En politique, comme dans d’autres activités humaines, il ne faut jamais humilier l’autre, c'est-à-dire l’adversaire. Valls, Premier Ministre, a toujours considéré (et il a eu raison) l’actuel Président comme son principal rival, jusqu’à l’humilier à l’Assemblée Nationale au cours des questions au gouvernement.

La scène est saisissante : Valls s’adresse à Emmanuel Macron comme certains profs à leurs élèves, de manière violente et quasiment insultante. L’actuel Président n’a pas été déstabilisé et le bienveillant qu’il est ne s’est pas laissé faire. Emmanuel Macron a démissionné du gouvernement et il a été traité de déserteur par Manuel Valls.

Macron a constitué son mouvement En marche et toute la classe politique, dont certains Lieutenants de Manuel Valls, comme Luc Carvournas, Maire d’Alfortville, estimait que l’aventure d’Emmanuel Macron était de courte durée et que les Marcheurs ou les militants internet n’étaient que des feux de paille et des bulles. En politique, comme dans la vie, il faut attendre les résultats pour commenter la réalité : la réalité est que Macron est devenu aujourd’hui Président de la République et que le Premier Ministre Valls cherche l’investiture Macron pour être présent aux élections législatives.

Quel renversement de situation !

La vie politique est redoutable et cruelle. Les faits me donnent raison : sur ce site de Blastingnews j’avais dit depuis fort longtemps que, pour avoir refusé de faire son Bad-Godesberg contrairement au SPD allemand en 1959, le Parti socialiste français est en train de voler en éclats. Hamon vient de déclarer la création d’un mouvement au sein du PS au mois de juillet.

Anne Hidalgo, Martine Aubry, Christiane Taubira et certains écologistes ont décidé de créer un autre mouvement appelé Dès demain. Pauvre PS en miettes, heureusement que certains Lieutenants de Valls, comme Carvounas, ne suivent pas leurs mentors dans son équipée suicidaire et personnelle. Carvounas va assumer des fonctions importantes au PS.

Pourquoi Valls s’est-il trompé de stratégie ?

A la différence de Macron qui a opté pour une stratégie offensive dans leur domaine commun qui est la politique, Valls n’a pas su analyser de façon pragmatique le domaine d’activité stratégique qui est le sien en se contentant de mener une politique de containment et d’endiguement vis-à-vis de Macron, au lieu de penser de façon prospective. Il aurait dû démissionner un an avant et se préparer à la participation aux primaires et à l’élection présidentielle. Valls est trop sûr de lui mais Macron est plus intelligent, plus instruit par son cursus universitaire (Sciences-Po, ENA) et plus stratège. L’ancien Premier Ministre n’a jamais voulu théoriser de façon très concrète et claire le socialisme-libéralisme dont Macron est aujourd’hui le Porte-parole.

Il a continué à agir en vieux politicien, confiant dans les pratiques des partis. Il a échoué car Macron lui fait subir le principe de la goutte chinoise en le faisant attendre dans l’antichambre des rendez-vous vers le bureau du boss Macron.

Valls sera peut-être repêché par la République d’Emmanuel Macron et par Bayrou

La République en marche va dévoiler à 14h30 cinq cents candidats choisis. 77 postes seront réservés à d’autres, dont peut-être Valls, Le Guen, Malek Boutih et d’autres caciques socialistes. Valls doit comprendre que les temps ont changé, qu’il n’a plus la main et ce n’est pas parce qu’il déclare qu’il soutient Macron à la radio et à la télévision et qu’il se réclame de la majorité présidentielle que Macron va lui ouvrir grand les bras.

Certains marcheurs estiment que Valls est un traître. Il a trahi Hamon après avoir signé la charte du PS et qu’il est prêt encore à trahir Macron si d’aventure celui-ci rejoignait le groupe majoritaire. Le Président actuel a gagné sur toute la ligne. Si Valls rejoint le groupe majoritaire, il sera sous surveillance car certains Marcheurs estiment qu’ils ne veulent pas se retrouver avec une fronde d’un type nouveau au sein de la majorité présidentielle. Valls, comme les autres, devront signer la charte qui leur interdit de poursuivre éventuellement cette stratégie.

La morale de l’affaire Macron/Valls est que dans la vie et dans l’activité professionnelle et politique, il faut toujours être humble et bien vivant car celui que vous avez tué un jour peut vous gouverner demain. Macron, mort hier, gouverne aujourd’hui le Valls vivant.