Cela peut évoluer. La barbe d'Édouard Philippe, nouveau Premier ministre, ex-rocardien, ne défrise pas le lectorat du Figaro. Partant, de l'électorat de centre-droit et droite du quotidien. Il recueille 65% d'opinions favorables. Même allié au "traître" François Bayrou. C'est nouveau. Certes, la vieille garde sarkozyste attend que son "Nicolas" se prononce, et pour le moment, flingue le nouveau Premier ministre. Avec des remarques comme "Édouard Philippe, c'est tout de même le Républicain qui n'a pas voté Sarkozy en 2012. Ça en dit long". C'est sans doute la plus modérée des réactions de qui se range derrière Baroin, adoubé par Nicolas Sarkozy.

Le fait que Nathalie Kosciusko-Morizet, haïe par les sarkozystes, se montre "complaisante" envers Emmanuel Macron (même si elle conservera son étiquette LR pour remplacer François Fillon dans sa circonscription, qui voterait pour une bourrique non-socialiste), n'égaie guère l'ambiance. N'empêche, si le cinquième de l'électorat de François Fillon s'étant porté sur Marine Le Pen ferait désormais dissidence, et votera majoritairement pour le Front national (considérant que Riwalgate et Penelopegate sont des machinations de la "médiacratie" et sont louables), une grande partie de la droite pourrait ne pas sanctionner celles et ceux, candidates ou candidats ou non, qui, chez LR ou l'UDI, prônent une réponse "à la main tendue par le président de la République".

Elles et ils sont désormais 25, ce lundi soir. Demain, sans doute davantage. Il y a notamment les députés-maires LR d'Angers et Reims, villes moyennes à sensibilité centriste. Quand la mer monte, on n'a plus honte, quand elle redescendra, on attendra pour se repositionner (belle chanson de Raoul de Godewarsvelde, décédé en 1977).

Incertain

Finalement, le MoDem a obtenu près de quatre fois vingt investitures en marge de La République en marche. Cela fait donc le quasi-plein avec 511 circonscriptions (certaines comme celle de Manuel Valls, étant laissées libres d'opposants), et la parité est respectée (255 femmes, 256 hommes). Il reste quatre jours pour laisser la place à des ralliés marqués à droite ou à gauche.

Au final, le quinquennat Hollande, ce sera peut-être cela : l'émergence d'une réelle social-démocratie. Durablement cohérente ? Rien n'est moins sûr. Enfin, si l'on s'en tient à l'expérience, lanterne dans le dos éclairant le chemin parcouru. Le centrisme est toujours resté éphémère, si ce n'est au niveau territorial, ce que François Baroin souligne. Un centrisme d'accords tacites en vue de l'intérêt estimé "général" (mais souvent au bénéfice des mêmes), mais ne s'avouant pas tel. Ce qui semble évident – jusqu'à preuve du contraire – c'est le laminage du PCF et d'EELV. Deux sensibilités indispensables, pourtant, même si elles sont souvent opposées (sur le nucléaire, notamment). Qu'on se rassure : cela ne durera pas.

Enfin, je le présume. Les communistes et les écologistes ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Et ne se retrouveront pas toutes et tous dans une France insoumise dont les ambitions personnelles se font jour, localement. Comme Francis Blanche (au fait, j'étais avec Éric Poindron à l'Écume des pages, librairie parisienne, pour lui rendre posthume hommage), j'estime que le "pouvez-vous le dire ?"¸ et toute prédiction, est prématurée. Mais je serai près de parier que le président Macron (le "banquier affairiste", la "créature du système", &c.), peut l'emporter et même se concilier – cela prendra du temps – la France qui souffre (trop) en lui concédant des miettes qui la satisferont à-demi.

Suffisamment pour qu'elle n'opte pas pour l'insurrection. C'est cela ou ce qu'annonce Charly Duchêne dans Le Pot aux roses (JBDiffusion). Franchement, toujours sharp shooter (bon pied, bonne épaule pour le recul, bon œil), je peux remonter sur les barricades, mais je ne le souhaite pas, ni pour mes enfants, ni pour mes petits-enfants.