Mission toujours difficile pour les localiers de province : faire le tour des permanences des candidats au soir des élections. En cas de second tour des présidentielles, c'est assez fastoche. Enfin, un peu moins si la rédaction en chef a plus ou moins favorisé tel ou tel candidat. Dur, dur, si non seulement c'est le cas mais que l'écart est fort pour le vaincu ou la perdante. Mais le pire, pour le localier à forte descente, c'est la perspective d'une quadrangulaire aux législatives avec faible écart de voix. C'est l'euphorie partout : champagne et petits fours, même ceux qui vous suspectaient d'avoir favorisé l'adversaire ne vous en veulent plus.

Biture assurée pour qui ne peut résister à ces manifestations de chaude convivialité. On est partout des "leurs"… Ce qui vaut aussi pour le quidam écornifleur, le pique-assiette organisé. Ce soir, à Paris et Vincennes, peu de chance de s'en envoyer gratos derrière la cravate. Peut-être sur l'esplanade du Louvre, si, comme au soir du réveillon sur les Champs-Élysées, des partisans d'Emmanuel Macron viennent avec des munitions. Se rabattre sur le Chalet du lac, dans le bois de Vincennes, chez Marine Le Pen ?

Solutions de repli

Julien Bayou, ce pingre, convie ses potes au Gourbi Palace, un bar du 10e ar. parisien. La pinte de bière sera à quatre euros. On peut trouver mieux, mais à peine. En sus, candidat écolo sur la circonscription (3e et 10e ar.), Julien n'aura pas les moyens d'une tournée générale.

Son pote Christian pourrait lui répondre : "il faut toujours aller au siège du perdant, il y a plein de petits fours et de champagne, mais la défaite coupant l'appétit, on peut se gaver et même apporter un doggy bag.". Pour accéder au Chalet du lac, ce sera coton, car ultrafiltré. Peut-être très à l'avance, avec une tenue de 'loufiat' en extra, et encore… Bon, d'accord, ce qui précède, c'est surtout du remplissage.

Mauvaise interprétation des dispositions légales qui n'interdisent absolument pas d'évoquer les candidats, leurs programmes, mais uniquement de rapporter leurs propos partisans après la clôture de la campagne. D'ailleurs, vous l'aurez remarqué, des éditoriaux appelant à voter Emmanuel Macron ont fleuri un peu partout samedi ('Le Figaro', 'Ouest-France', pour n'en citer que deux).

Mais bref, la seule aubaine du jour, c'est le site 'Mediapart', en accès libre jusqu'à demain. Aucun champagne virtuel à espérer, même si Edwy Plenel a indiqué qu'il voterait Macron pour "dire non au désastre". Pour le moment, 'RadioLondres' (sur Twitter), laisse entendre que Marine Le Pen n'atteindrait pas le tiers des voix en Martinique. Il faut croire plus généralement que l'effet des MacronLeaks ne sera pas celui escompté. Les soutiens de Marine Le Pen répètent en boucle qu'il y a "du lourd", mais hormis un truc énigmatique et très périphérique (un élu pas trop connu est visé), j'attends toujours. Ce qui semble évident, c'est que l'abstention reste plus faible que ce que le Front national pouvait espérer.

Sans bien sûr se prononcer clairement, 'Le Parisien' met en avant l'hypothèse 65%-35%, mon pronostic est légèrement inférieur, mais la conséquence serait que la direction du FN sera fragilisée, même si Marion Maréchal-Le Pen jette l'éponge (et se trouve un vrai job dans le secteur privé). Sur Facebook, InfoDuJour alterne les appels du pied à voter Le Pen et d'autres en direction des abstentionnistes : comme Coluche, tenez bon, ne perdez pas votre temps à déposer un bulletin dans l'urne. Coluche récupéré par l'extrême-droite alternative, c'est assez cocasse. En face, beaucoup de "frontistes" républicains ou autres se contentant d'un "a voté" incitant à faire de même. À part cela, c'est aussi la journée mondiale du masturbathon et pour la première fois, un avion de ligne s'est posé à Sainte-Hélène (Saint Helena, capitale Jameston, 4 300 h sur l'île, et seul point d'intérêt, l'ex-résidence de Napoléon). 'RadioLondres' n'a pas indiqué ce que Michel Dancoisne-Martineau, consul honoraire de France (et peut-être seul Français insulaire), a pu – ou non – voter. Réponse ce soir après 20 heures.