L’ONU, représentative de la communauté internationale, ne dit rien de ce qu’il se passe dans la crise du Golfe car certains états comme l’Egypte, Bahreïn, les Emirats Arabes Unis emmenés par l’Arabie Saoudite, ont demandé au Qatar d’exécuter leurs revendications, comme la fermeture des bureaux d’Al Jazeera, de la base militaire turque ou encore la prise de distance avec l’Iran. Dans quel monde sommes-nous ? Au nom de quel dogme d’Arabie Saoudite peut-elle intimer l’ordre au Qatar d’exécuter sa demande ? Il faut espérer que le Cheikh Tamim Ben Hamad-Al Thani, monarque qatari, rejette avec force cette empiétement de ses voisins sur sa souveraineté.

L’Arabie Saoudite, l’Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques (le 5 juin) avec le Qatar en accusant ce pays de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de l’Iran, l’ennemi chiite et traditionnel perse, considéré comme le grand rival de Ryad au Moyen-Orient. On sait que l’attentat du 11 septembre 2001 aux Etats Unis avait été conduit par des ressortissants saoudiens. Les Etats-Unis, forts de leur superpuissance, n’ont jamais rompu les relations avec l’Arabie Saoudite, peut-être parce qu’ils avaient besoin de leur pétrole. Mais la réalité actuelle montre que les Etats-Unis peuvent être auto-suffisants et peuvent se passer du pétrole saoudien. Les Etats-Unis de Trump critiquent le Qatar, mais de façon cynique. Ils ont conclut un achat d'F-15 pour 21 milliards de dollars. Nous sommes au coeur du cynisme diplomatique où l'hypocrisie cohabite avec le réalisme des affaires.

Il faut que le Qatar tienne bon et ne cède pas aux injonctions de son puissant voisin qui n'arrive pas à battre la rebellion houthiste au Yémen. C'est toujours facile de s'en prendre à un petit pays de 300 000 habitants comme le Qatar et dont l'armée n'est pas significative en termes d'hommes et de matériels. C'est le syndrome du plus grand, lâche, qui s'attaque à un petit dans la cour de récréation.

Le Qatar au centre du traquenard ourdi par Trump en relation avec l’Arabie Saoudite

Le Qatar, riche de ses ressources gazières, entretient des relations particulières avec l’Iran, ce qui n’a pas l’air de plaire aux Etats-Unis de Trump et encore moins à Ryad (Arabie saoudite). Trump veut défaire ce que Obama a fait, en permettant à l’Iran de revenir sur la scène internationale grâce à l’accord sur le nucléaire.

Pour Trump, la position du Qatar est inacceptable, car il estime que c’est ce pays qui contribue au financement du terrorisme. Le Président américain laisse de côté le rôle qu’aurait pu jouer l’Arabie Saoudite, comme le disent certains commentateurs et éditorialistes français dans la formation de Daesh, à savoir l’Etat Islamiste. Nous sommes là au cœur du cynisme diplomatique des Nations Unies. Les Etats-Unis n’ont jamais accepté le ton irrévérencieux d’Al Jazeera, télévision du Qatar, vis-à-vis de ses voisins du Golfe et surtout de la monarchie en Arabie Saoudite et, en tant qu'africain, je ne comprends pas pourquoi certains pays d'Afrique noire se précipitent de rompre leurs relations avec le Qatar.

L’Egypte a toujours accusé le Qatar de son soutien aux Frères musulmans. La crise dans le Golfe entre Etats sunnites n’est pas récente, elle date des années 2010 et le Qatar a toujours été au centre des récriminations de ses principaux voisins.

Le Qatar énerve l’Arabie Saoudite au Moyen-Orientoui

Le Qatar entretient des relations cordiales avec l’Iran, ce qui n’est pas le cas de l’Arabie Saoudite. Le Qatar, riche de ses ressources gazières, a toujours fait cavalier seul, bien qu’appartenant au Conseil de coopération du Golfe (CCG). Le Qatar est un pays plus éveillé à la modernité que l’Arabie Saoudite. Les Emirats ont prévenu que l’isolement du Qatar pourrait durer des années si ce pays ne rentre pas dans le rang.

La communauté internationale reste inerte, tétanisée, ne voulant pas froisser l’Arabie Saoudite au nom des intérêts économiques alors que ce sont les Européens qui, au sein de cette communauté internationale, ne cessent de rappeler les principes fondamentaux de la souveraineté des Etats, les droits humains. Où êtes-vous Etats européens ? On ne vous entend pas, vous êtes muets, même si le Ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a appelé à un dialogue sérieux entre les acteurs de la crise.

Les considérations économiques sont importantes, mais il faut que le principe fondamental de l’existence de l’humanité dépasse les conditions financières, la taille des Etats, pour que le principe de souveraineté ne soit pas un vain mot.

Le Qatar est libre au Moyen-Orient de mener la politique qui lui sied, n’en déplaise à l’Arabie Saoudite, à l’Egypte, à Bahreïn et aux Emirats Arabes Unis.

Vive la résistance du Qatar au Moyen-Orient et pour la souveraineté des Etats.