Plus que quelques mois, et les camerounais se rendront aux urnes, pour élire leur Président de la République. Au pouvoir depuis 35 ans et âgé de presque 85 ans, Paul Biya l’actuel Président, continue comme à son habitude d’entretenir le suspense sur sa participation ou non à ce scrutin. De son côté, l’opposition, divisée, vieillissante et en panne d’inspiration poursuit sereinement sa navigation à vue, en attendant un coup de baguette magique qui la propulsera au pouvoir. Une situation plus qu’embarrassante pour les vingt millions de camerounais meurtris par le chômage et la misère.

Des camerounais qui dans leur majorité ne rêvent plus que d’un renouvellement de la classe politique actuelle. Un changement bien qu’indispensable, mais qui ne peut s’opérer que si les trois principes fondamentaux ci – après sont observés :

L’introduction d’un scrutin présidentiel à deux tours

Il est connu de tous qu’on ne saurait parler de démocratie sans une élection présidentielle à deux tours ; surtout dans un contexte socio-culturel aussi complexe que celui du Cameroun. En expérimentant un scrutin présidentiel à 2 tours, le Cameroun permettrait ainsi aux différents leaders du demi-millier de formations politiques que compte le pays de mettre en veilleuse leurs ambitions personnelles, au profit de l’intérêt général.

Bien plus, ce mode de scrutin donnera à coup sûr une plus grande légitimité au Président élu ; car dans le contexte actuel, un candidat peut devenir Président de la République du Cameroun avec 15% de voix !

Il est donc de bon ton que la société civile camerounaise et surtout la Communauté internationale convainquent le pouvoir de Yaoundé à modifier l’actuel code électoral, en introduisant une élection présidentielle à deux tours.

L’acceptation des candidatures indépendantes

En bientôt 35 ans de règne, le régime RDPC au pouvoir a réussi à fragiliser et surtout à phagocyter la quasi-totalité des leaders de l’opposition, à tel point qu’au jour d’aujourd’hui, il est difficile de parler de véritables opposants au Cameroun. Aucun d’eux n’ayant pu résister aux « largesses » du pouvoir, contexte économique obligeant !

Il serait alors hasardeux de rêver d’un changement au Cameroun en 2018, venant de l’opposition politique. Tous les espoirs des Camerounais se trouvent donc orientés vers la société civile, qui possède heureusement encore en son sein, des jeunes dont la crédibilité ne souffre de rien.

Toutefois, ces espoirs se trouvent heurtés au flou que laisse planer le code électoral actuel au sujet des candidatures indépendantes. L’inévitable toilettage du code électoral qui s’impose avant la tenue de cette élection de 2018, devrait donc clarifier cela, et surtout alléger la procédure de présentation des candidatures indépendantes.

L’expérimentation d’une présidence tournante

Tout en renforçant la culture du bilinguisme sur l’ensemble du territoire national, le Cameroun se doit de diviser le pays en quatre aires socio-culturelles : Béti, grassfield, Sahélienne et côtière.

Et, l’accès aux fonctions présidentielles devrait respecter un principe rotatif bien ficeler tant sur le plan local que central. Car on ne saurait parler d’équilibre régional pour toutes les fonctions, excepté celle du Président la République !

Aller à une élection présidentielle avec un code électoral ne prenant pas en compte ces trois impératifs constituerait une catastrophe pour le Cameroun. Car, ce n’est un secret pour personne que le Président Paul Biya est en fin de règne ; et rien ne nous dit que son successeur saura manipuler avec autant dextérité les différentes sensibilités sociales du pays, comme il a su le faire depuis son accession au pouvoir en 1982...