Hollande est décidément un fin stratège politique. Il n'a pas quitté la politique, c'est un ADN de survie et il estime de son bon droit de rappeler à Macron qu'il a été à l'Elysée avant lui. Hollande et Macron ont un point commun, celui d'avoir été découvert par Jacques Attali. Faiseur de Président, Jacques Attali est un élément incontournable de la vie politique française. La décision de Macron de se présenter à l'élection présidentielle de 2017 a été perçue par Valls et le camp des Hollandais comme une trahison. On peut ainsi comprendre pourquoi Hollande ne se laisse pas faire et présente le bilan de l'action de son successeur, largement critiqué avant les présidentielles, comme négatif.

Signification politique de la déclaration de Hollande depuis Angoulême

En annonçant qu'il ne fallait pas opter pour une politique moins disante sur le plan social, Hollande dit haut et fort que le retour de la croissance, la baisse relative du chômage, le retour de l'investissement sont de son fait et non de celui de Macron. Pour Hollande, le Président actuel devrait réfléchir et ne pas chercher systématiquement une flexibilisation du marché du travail. Au moment où vont être discutées les ordonnances sur le travail, Hollande estime que les négociations avec les syndicats doivent tenir compte des acquis sociaux et des protections des salariés. L'ancien Président envoie à la Nation et à son camp socialiste un message très fort.

Il demeure socialiste, et il entend faire savoir aux socialistes en perdition qui doivent compter sur lui à l'avenir.

Réponse de Macron depuis la Roumanie et l'Autriche: les Français refusent les réformes

La réponse de Macron a été ferme. Il déclare que la France ne fait pas suffisamment de réformes à l'image des autres pays européens, comme l'Autriche, pour modifier le fonctionnement du marché du travail et obtenir des résultats satisfaisants dans le domaine de la lutte contre le chômage.

Le Président Macron n'explique pas tout car la réforme du marché du travail doit intégrer des éléments précis comme la formation de la main d'oeuvre, la valorisation de l'apprentissage, les trajectoires entre formations et emplois qui doivent être encadrées et protégées. Il fonde sa politique uniquement sur la valorisation de la baisse des coûts, les conditions de licenciement et le plafonnement des dommages et intérêts pour licenciement abusif.

Une décision incomprise: le plafonnement des dommages et intérêts pour licenciement abusif

Comment peut-on plafonner les intérêts de licenciement abusif ? Si licenciement abusif il y a, cela signifie qu'il y a une volonté intentionnelle du patron de se séparer de son salarié et, de bon droit et à juste titre, la CGT ne comprend pas que l'on plafonne les dommages et intérêts que pourrait obtenir le salarié devant les prud'hommes. La situation française est spécifique car les licenciements sont plus faciles ailleurs (Espagne, Italie, Portugal) qu'en France. Au total, il reste au Président de la République de reprendre à la rentrée une nouvelle méthode pédagogique visant à mieux expliquer à court, moyen et long termes sa politique économique et sociale.

Hollande, en tant que stratège et fin communiquant, a placé une banderille dans la politique sociale de Macron qui, pour l'instant, reste difficilement lisible.

Macron a pointé du doigt le comportement anti-européen de la Pologne qui valorise le détachement de ses travailleurs au lieu de les payer correctement. Pour Macron, l'attitude polonaise est inacceptable et irrecevable. La réaction polonaise ne s'est pas faite attendre. De façon cinglante et insultante, la Pologne a considéré que les remarques d'Emmanuel Macron étaient liées à son inexpérience. On voit que dans ce domaine des travailleurs détachés, les couteaux sont sortis et ils risquent longtemps d'être dehors car sur le plan européen il y a une mésentente entre la France et certains pays d'Europe de l'Est, comme la Pologne et la Hongrie, qui refuse de s'aligner sur la politique de correction et de réglementation voulue par Emmanuel Macron qui refuse le dumping social.

Sans abroger la directive européenne de 1996 concernant les travailleurs détachés, comme le souhaitent les Insoumis de Mélenchon, Macron opte pour une réglementation plus stricte et mieux organisée au sein de l'Union Européenne concernant cette problématique européenne des travailleurs détachés qui divise l'Europe.