A l'approche de l'An 2000, chaque habitant du monde avait conscience de quitter un ancien monde pour un nouveau monde. Avec raison car l'An 2000 n'était pas une année comme les autres. Non seulement l'An 2000 nous faisait entrer dans un nouveau Siècle (le XXIème après Jésus-Christ), mais encore il nous faisait entrer dans un nouveau millénaire (le IIIème après Jésus-Christ). Ce changement de siècle et de millénaire laissait penser qu'une ère paradisiaque, loin des souffrances de ce monde allait advenir. Le plus grand souhait de chacun était donc de pouvoir entrer dans ce nouveau siècle et ce nouveau millénaire dans l'espoir d'une vie bienheureuse.

Signe de l'espoir suscité par le XXIème siècle et le IIIème Millénaire, la fête de la Saint Sylvestre de l'année 1999 fut un événement sensationnel de grande ampleur. Pour l'occasion, plusieurs pays ont choisi des symboles nationaux significatifs pour faire rêver encore plus le monde. Le point de départ fut donné par l'Australie. Écart horaire oblige, les Australiens ont été les premiers à entrer dans l'An 2000, dans une liesse populaire sans pareille. Puis, la France est rentrée dans la danse avec l'illumination de la Belle Dame. De mémoire d'hommes, c'est la première fois dans l'histoire de la France que la Tour Eiffel était ainsi illuminée. Même, à la Libération, personne n'avait daigné illuminer la Tour Eiffel.

C'est d'ailleurs depuis la nuit de la Saint Sylvestre 1999, que la France a pris l'habitude d'illuminer la Tour Eiffel lors des grandes occasions. De géants feux d'artifices sont venus en rajouter à la luminosité de la Tour Eiffel, faisant de Paris, une véritable ville de lumières en cette nuit historique. Cela donne une idée de l'espoir qui est né dans les cœurs à l'aube du XXIème siècle et du IIIème Millénaire.

Après la France, les États-Unis sont rentrés dans la danse, suivi du Brésil et de l'Afrique du Sud. C'était la Saint Sylvestre la plus merveilleuse que le monde ait vécue. Aujourd'hui, quel constat ; et quelles leçons tirer de ce siècle et ce millénaire tant attendus ?

Un constat mitigé du fait de l'accroissement des inégalités

Dix-Sept (17) ans après l'avènement du XXIème siècle et du IIIè millénaire, il règne une déception totale dans le monde. On peut le dire avec franchise, le seul aspect positif du XXIème siècle et du IIIème millénaire, c'est la mondialisation et les nouvelles technologies. Grâce à elles, l'humanité est sortie d'un monde vivant en vase clos, pour un monde de plus en plus ouvert. Le disant, on n'ignorera pas la rôle néfaste du protectionnisme d’État qui porte de graves atteintes à la liberté d'aller et venir des citoyens du monde. Toutes choses égales par ailleurs, grâce à la mondialisation et au développement des nouvelles technologies, la communication à l'échelle mondiale est facilitée.

Les peules se découvrent beaucoup plus facilement. À un niveau individuel même, les réseaux sociaux permettent une mixité sociale sans précédent, et de surcroît, à un niveau international. Cependant, le XXIème siècle et le IIIème siècle laissent un goût amer. En effet, les inégalités économiques, intellectuelles et sociales persistent. Économiquement parlant, la pauvreté est en recrudescence partout dans le monde. Si elle maintient sa virulence dans les pays en développement, elle n'épargne les populations fragiles des pays développées. Mais, là, où la situation économique est devenue invivable, c'est dans la concurrence rude qu'engendre le libéralisme. Au niveau des États comme au niveau individuel, on se livre des guerres économiques sans merci.

De ce fait, et comme dans une guerre, il y a toujours un vainqueur et un vaincu, nombreux sont les vaincus des guerres économiques, à être abandonnés sur ce chemin chaotique où se déploie le rouleau compresseur d'un monde nouveau de plus en plus impitoyable.

Sur un plan intellectuel, l'école devient de plus en plus chère dans les pays en développement. Des millions d'enfants nés de familles pauvres n'ont pas accès à l'école. Et quand bien même les enfants d'origines modestes auraient accès à l'école au prix de multiples efforts de leurs parents, dans plusieurs pays, une sélection tantôt manifeste, tantôt silencieuse les empêche de parvenir au cycle supérieur. Des dispositifs injustes sont mis en place pour les recaler dès que possible, en vue de faire perpétuer la reproduction sociale.

Ainsi, au plan social, le chômage de masse augmente la précarité de plusieurs populations. Les riches s'enrichissent de plus en plus, là, où, les pauvres se paupérisent un peu plus. Autrefois, les pauvres, en travaillant, parvenaient à devenir riches. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas car même en travaillant, plusieurs sont les pauvres qui n'arrivent pas à changer leurs conditions sociales. De sorte qu'on parle même de travailleurs pauvres. En ce qui concerne les inégalités de genre, elles n'ont pas disparu. Au contraire, dans plusieurs pays, elles ont même le vent en poupe. Et le plus aberrant, c'est le fait qu'au XXIème siècle, on en soit encore à discuter de l'égalité salariale en femmes et hommes.

La société du début du XXIè siècle et du IIIè Millénaire est une société qui doute, gagnée qu'elle est, par la peur de la précarité, la peur du fanatisme religieuse avec ses attentats et son terrorisme, les guerres, les dégâts de la pharmacomanie, l'apparition de nouvelles maladies, les vulnérabilités économiques, financières, intellectuelles et sociales. Devant un tableau aussi sombre, des leçons sont à tirer.

Quelles leçons tirer de ce mauvais départ en ce nouveau siècle et ce nouveau millénaire ?

Aux nombreuses catastrophes naturelles, de plus en plus récurrentes, le monde ne peut pas se permettre le luxe de rajouter des inégalités économiques et sociales. Les ouragans sont le fait de la nature mais les guerres, les attentats, l'austérité économique, etc.

sont le fait de l'Homme. Autant dire que si l'homme n'a pas la maîtrise des catastrophes naturelles, il a la pleine maîtrise des politiques publiques. À ce titre, nous pouvons soulager la misère du monde pourvu que nous le voulions. Devant l'immensité de la déception suscitée par l'échec de tous les espoirs à l'avènement de nouveau monde, une prise de conscience collective s'impose à tous, pour faire produire à ce siècle et à ce millénaire, tous les espoirs dont ils étaient porteurs. Le monde ne peut plus continuer avec tous ces déséquilibres ; à condition qu'une partie de l'humanité qui possède le pouvoir d'achat, le pouvoir d'agir, le pouvoir de décider, et le pouvoir de contrôler ait délibérément choisi de faire disparaître ce monde.