Le n° 1 de la revue Le Sabot est sorti fin Octobre 2017. L'Edito indique "Il faut crier. Mais quoi dire?. [...car] on calme la grosse colère, un bouchon est enfoncé dans la trachée. Ça réconforte, ça cajole, on a bien ri mais un peu de sérieux, soyons réalistes une seconde, ça encage à nouveau". Le système d'information actuel propose de l'information à outrance : information télévisée, radio, et Internet. On s'y perdrait presque. Nouvelles réelles, site de journalisme en ligne, et un foisonnement d'informations sur le web qui se contredisent parfois.

Les journaux people tels que Closer, Vedette, Gala, Oups, Vu !, Voici, se cumulent avec les journaux gratuits Metro, Direct Matin, 20 minutes. Ne s'avérerait-il pas que "trop d'information tue l'information", voire même que l'information pourrait être source de manipulation ? Quelles sont les nouvelles importantes ? Toutes. Mais, à l'heure actuelle, la modernité affiche que les discours politiques des hommes politiques se contredisent, car le sens 1 dit à tel date est légèrement modifié dans le discours 2 dit à telle date. La communication politique selon Dominique Wolton en 1989, "est celle d’un « espace où s’échangent les discours des trois acteurs qui ont la légitimité à s’exprimer publiquement sur la politique et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l’opinion publique au travers des sondages ».

La propagande ne serait-elle pas remplacer désormais par le discours politique ?

La littérature engagée

La littérature a parfois voulu avoir un rôle, un but social. Plusieurs auteurs tels que Voltaire avec ses contes, Molière avec ses pièces de Théatre, Montesquieu et son roman épistolaire ; et plus récemment Primo Levi et son vécu dans les camps, Jean Paul Sartre et sa philosophie, Roland Barthes et ses essais critiques, Zola et l'affaire Dreyfus, Camus et sa réflexion sur l'oppression.

Donc l'écrivain écrivant avec des mots qui ont un sens et un agencement choisi, alliés à un style peuvent à la fois témoigner d'un mouvement politique, d'un nouveau manifeste artistique, d'un questionnement, d'une mise en doute, de critiques ou tout simplement de préoccupations ou de valeurs personnelles sur un pays, sur une culture, sur un fait, sur le quotidien de leur époque.

Le Sabot s'engage dans ce domaine. D'ailleurs les artistes d'une époque, voire tout artiste : peintre, poète, écrivain sont plus ou moins malgré eux imprégnés de la politique et des événements sociaux actuels ou passés marquants. Une ère d'existence fait vivre diverses actualités, mouvement sociaux, évolutions des mœurs, péripétie voire désastre.

Et où en sommes-nous actuellement ?

Les discours, la télévision et la publicité

La modernité se serait orientée de plus en plus vers l'exposition de soi (je pense à toutes les téléréalités) que l'on peut nous pondre non stop. Qui n'est jamais tombé dessus ou les regarde parfois par ennui, parfois parce qu'on n'a rien à faire. Il y a aussi dire sa vie sur Facebook, ses voyages et en faire rager ceux qui n'ont pas les moyens...

En soi, c'est de l'autobiographie me diriez-vous, comme Rousseau a pu le faire.

Il me semble important en tout cas de réfléchir à deux fois avant d'y participer ou de les regarder. Plus on regarde, plus l'audience augmente, plus les chaînes vont vendre ce produit. Et pourquoi pas avoir à la place un bon film au lieu de "Les marseillais vs le reste du monde", ou "La voix", ou "Les Anges" ?

Il n'y a pas que ce changement, cette mode qui reste en soi un divertissement. Se divertir est un des buts de la télévision. Les téléréalités ne sont pas à classer dans le merdique ; elle sont là en réponse aux audiences. Cependant elles prônent aussi des comportements non conformistes. Alors mentir à des colocataires n'est pas mal, faire croire être amoureux l'est encore moins.

Pourquoi s'arrêter sur des concepts de Bien et de Mal tant que cela fait rire.

Tous ces mots, tous ses mensonges, toutes ces phrases politiques balancées aux citoyens, toutes ces publicités qui impliquent nos appréhensions psychologiques ne nous formatent-elles pas un peu aussi, voire beaucoup à l'achat, à une simplification du monde moderne ?

Délibérons.