‘’Farid Fillon’’, selon divers dirigeants du Front national (mollement désavoués par Philippot et Marine Le Pen), avait-il approuvé, alors à Matignon, les vues de Nicolas Sarkozy sur le devenir des chrétiens d’Orient ? Publiquement, lors de ses vœux de Noël à la Nation, Nicolas Sarkozy a fait état de sa compassion : ‘’j’ai aussi une pensée particulière pour les chrétiens d’Orient confrontés à la barbarie djihadiste’’. Pense donc. L’ex-président, qui avait invité al-Assad a la tribune officielle du défilé du 14 juillet 2008, aux côtés de Zine El-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, dont il voulait faire les artisans d’une chimérique Union pour la Méditerranée, n’en est pas à un reniement près.

Son successeur putatif, s’il est élu, François Fillon, partage-t-il toujours les vues de ‘’Nazir Sarkozy’’ (comme pourrait le surnommer l’extrême-droite hors les murs) ? Car selon Bechara Boutros Rahi, le patriarche d’Antioche (un maronite devenu le doyen des cardinaux de l’église catholique apostolique romaine), ‘’Nazir Sarkozy’’ vouait, fin 2011, les chrétiens d’Orient à l’exil. Il était même tout disposé à les accueillir en France, comme naguère, les Arméniens victimes des génocides turc et kurde…

Volte-face fâcheuse

Le patriarche Bechara Boutros Rahi (ou Raï, selon les translittérations), confesseur présumé du général Michel Aoun devenu le président libanais du moment grâce à une alliance avec le Hezbollah chiite, est devenu Grand-Croix de la Légion d’honneur en septembre 2011.

‘’Nazir Sarkozy’’ lui épingla le hochet en personne. Ce alors que, déçu par le camouflet que lui avait infligé Bachar al-Assad, le protecteur de la paix mondiale (ayant obtenu de Vladimir Poutine qu’un État géorgien amputé subsiste), vouait les chrétiens d’Orient à une diaspora européenne. Ce pour contenter les Frères musulmans, successeurs présumés du dictateur syrien.

Dans New Orient News et Ad-Diyar, le patriarche indiquait que le président français lui avait annoncé que la place des chrétiens d’Orient était en Europe. Les Allemands ont critiqué Angela Merkel. Nicolas Sarkozy était lui tout près d’ouvrir l’Union européenne à 2,8 millions de chrétiens du Moyen-Orient. L’ex-président s’imaginait que les Frères musulmans devenus dominants en Syrie, Égypte, &c., chassant les chiites du Liban, se montreraient favorables à laisser les Palestiniens à leur sort et composeraient avec Israël.

Autant d’hypothèses qui ne se sont guère vérifiées (les Palestiniens du Liban se sont ralliés à Bachar al-Assad et lui fournissent des milices). Mais voici Nicolas Sarkozy (et François Fillon ?) revenus à de meilleurs sentiments à l’égard du dictateur syrien. Lequel a reçu, début décembre dernier, le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie, et l’a assuré du soutien de son régime.

Quelles options pour Fillon ?

Que ferait un président François Fillon si l’Iran et le Hezbollah, durablement implantés en Syrie, tolérés par les Russes, harcelaient Israël ? Et que ferait-il si le Hezbollah, comme l’envisage un haut fonctionnaire israélien (selon Barbara Opall-Rome pour le site DefenseNews) menaçait les intérêts russes en Syrie ?

Pour le moment, nous assistons à la formation d’un axe Moscou-Damas-Téhéran-Ankara. Demain ? Qu’improviserait-il ? Pour l’instant, et durablement, les chrétiens d’Orient, c’est zéro division (comme le disait Staline du Vatican ; militaires, en tout cas, civilement, c’est tout autre). François Fillon a reculé sur la Sécurité sociale, il reculera sur la durée maximale du travail à 48 h, mais sur les futures menaces terroristes qui frapperont la France, de la part de Daesh ou d’autres, il reste sur l’expectative. On ne saurait le lui reprocher : personne n’est plus en mesure de les préfigurer ni d’en déceler la source… Ou même les réelles puissances commanditaires. Fillon, partisan d’un rapprochement avec al-Assad, qui a favorisé l’émergence de Daesh, joue le court terme. Les deux ne se soucient pas plus des chrétiens d’Orient que d’une guigne.