Voici donc que François Fillon dénonce ‘’le mépris et la misogynie’’ du Canard enchaîné qui titrait en page une sur ‘’Les 600 000 euros gagnés par Penelope qui empoisonnent Fillon’’. Comment cela, ‘’mépris’’ ? Comment mépriser une femme d’une telle valeur, attestée par le montant de son revenu mensuel (celui d'un attaché était plafonné, en 2015, à 9 504 € bruts) ? Contrairement à ce que déclare François Fillon, ‘’toutes les féministes’’ se garderont bien de hurler : enfin des émoluments supérieurs à la moyenne pour une attachée parlementaire. Car la plupart des parlementaires répartissent l’allocation entre jusqu’à cinq attachés.

Ce qui fait que le salaire brut moyen constaté est de l’ordre de celui du Smic ou du double, pour une charge de travail parfois écrasante et une sécurité d’emploi très aléatoire… Il est vrai que François Fillon rétribue très bien ses salariés. Exemple l’unique employé de 2F Conseil, qui n’est autre que lui-même : 18 000€ mensuels. S’il y a mépris, c’est de n’avoir pas rémunéré son épouse au maximum autorisé. Penelope Fillon n’encaissait que 7 900 euros. La différence, à peu près un Smic, était versée à qui, au juste ?

Élément langagier & fait alternatif

On ne sait comment ont été mis au point et rôdés les éléments de langage de l’entourage de François Fillon mais il semble bien que soient mis en avant des faits alternatifs, comme on dit à la Maison Blanche.

C’est Bernard Accoyer, qui a vu Penelope Fillon ‘’en de multiples circonstances’’. Et c’est quoi, leur ou sa rémunération ? En général, les parlementaires ayant une véritable accroche locale, et surtout municipale, emploient au moins deux attachés. Un mal logé à l’Assemblée ou au Sénat, l’autre un peu mieux doté en local suffisant dans une mairie.

Mais la cheffe de cabinet d’un sénateur-maire peut être aussi son attachée parlementaire (sans forcément cumuler vraiment des rémunérations). Le sénateur Bruno Retailleau fait valoir l’engagement de Penelope Fillon ‘’au cœur du territoire sarthois’’. Il faudrait savoir, elle était très fréquemment à Paris, à l’Assemblée, ou le plus souvent à proximité du château des Fillon ?

À part Christelle Celas de Salengre, combien d’attachés, et pour quel salaire, auprès du sénateur vendéen ? Quelles rémunérations ? Et combien pour Thierry Solère, député des Hauts-de-Seine, outre Karine Theet-Solère, son épouse ? Réponse, semble-t-il : Antoine de Jerphanion, Charles-Antoine Depardon et Isabelle Fabiew… Quatre, qui doivent se partager l'allocation globale ? Peut-être accorde-t-il des primes ponctionnées sur sa rémunération personnelle chez Chimerec, entreprise dont il est consultant (fantôme ? rien ne permet de l’affirmer) et qui lui verse 12 000€ bruts mensuels. La meilleure défense, c’est certes l’attaque, mais encore faut-il l’étayer. Le Maine Libre, quotidien sarthois, glisse sur le détail des informations du Canard enchaîné.

En revanche, il fait la part belle à la riposte de François Fillon.

Penelope et l'Assemblée

On ne saura pas grâce au Maine Libre si Penelope Fillon est dotée du don d’ubiquité, se consacrant pleinement à ses fonctions locales et tout autant à ses parisiennes. Le couple Fillon n’a pas eu envie d’ouvrir les agendas de Penelope Fillon au localier du Maine Libre. Dont la rédaction a tenté, ‘’sans succès’’, de joindre les intéressés. François Fillon a fait tonner les grands orgues de l’indignation, mais taira les détails fondant son juste courroux. C’est normal, formidable est sa colère, et il n’a pas de temps à perdre avec des considérations si subsidiaires… Comme Benoît Hamon, Fillon teste le ‘’revenu universel’’, sur son épouse, avant de l’étendre ? Un ''fait alternatif'' qu'il convient de mettre en avant. Et en regard, Hamon fait vraiment trop pingre...