Je me souviens, voici huit lustres environ, avoir eu dans les mains un rapport bidon. C’était dans les locaux d’un conseil général. Il provenait d’un très réel cabinet d’études en aménagement territorial. Pas mal de pré-Power Point, quelques pages manifestement issues d’une autre étude mais divers toponymes avaient été remplacés, et beaucoup d’annexes. Comme, par ex., la liste des communes avec en regard leur population… qui n’était autre que leurs codes postaux avec, ça et là, un chiffre ajouté ou modifié. Vous souvenez-vous du rapport de Xavière Tiberi, ex-épouse et adjointe de l’ancien maire parisien Jean Tiberi, à destination du conseil général de l’Essonne ?

36 pages de considérations du genre ‘’la Francophonie ne pourra être viable (…) que si c’est aussi une zone développement économique et de prospérité (…) dans un monde plus divers, plus équilibré, et culturellement plus riche’’. Bingo. 200 000 FF pour dix mois de rédaction (et par la suite, une amende du montant, revalorisé de l’inflation). Que ce fut de la plume de l’épouse Tiberi ou de la frappe d’une dactylo stagiaire, peu importe. Des rapports de ce type, il en pullula, il en existe encore. Plus ou moins bidonnés, mieux ou moins bien étoffés.

Fillon veut être entendu

Vous remémorez-vous la fameuse conférence de presse de Jean-Marc Morandini, prenant les devants, annonçant avoir saisi le procureur de Paris, ‘’aux fins d’être entendu dans les meilleurs délais’’ et ressortir de l’entretien définitivement blanchi ?

Je n’ai pas recensé toutes les innombrables annonces de dépôts de plaintes en diffamation qui n’ont jamais été suivies du moindre effet. Ne me reviennent que les plus récentes, celle des époux Balkany à la suite d’une affaire de mariage peut-être gris, s’il faut en croire l’interrogation du parquet, et de promotion immobilière.

Je ne me plongerai pas dans les archives du Canard enchaîné, mais la menace de plainte, c’est le b-a-ba de la réactivité en cas d’affaire foireuse qui vous saute au visage. Le démenti formel s’impose évidemment, et la plainte en appui se dépose promptement. Il y a un autre truc bien connu : dire avoir reçu des menaces. Je ne mets pas en doute que Christine Kelly, biographe de François Fillon, ait pu en recevoir après s’être étonnée que ni Pénélope, ni François Fillon, ni quiconque de leur entourage ne lui ait évoqué la fructueuse collaboration matrimoniale rémunérée, j’énonce que, parfois, le procédé est employé.

Comparaison n’est pas raison. On peut toutefois opérer un rapprochement entre Valérie Boyer, députée LR marseillaise qui employa au Palais Bourbon l’un de ses fils ‘’il y a très longtemps’’, rémunéré ‘’oui, mais pour des activités réalisées’’ et l’affaire Penelope et François Fillon. Une carence temporaire de collaborateur, on fait appel à un proche en dépannage, et puis, comme c’est satisfaisant, cela peut se prolonger… Or donc, comme l’animateur radiophonique, mais il ne s’agit que d’une simple coïncidence, François Fillon demande à être reçu par le parquet financier ‘’dans les plus brefs délais’’ pour rétablir la vérité et mettre au plus vite un terme à des ‘’accusations dénuées de tout fondement’’.

La logique voudrait que Penelope et François Fillon soient au plus vite entendus séparément, puis confrontés. Nul doute qu’ils le proposeront d’eux-mêmes. Et qu’ils sauront immédiatement verser au dossier des agendas, des notes, des rapports, des mémorandums, ainsi que des copies des piges effectuées pour La Revue des Deux mondes. Elles sont sans doute restées au marbre, mais on ne tardera pas à les retrouver. Félicitons par avance le couple Fillon pour leur célérité à produire les multiples pièces appuyant leurs irréfutables déclarations.