Plusieurs messages de Rachida Dati, de juillet 2014, affleurent à la surface. Via Twitter, elle indiquait que «l’habit ne fait pas le moine» et exigeait de François Fillon qu’il soit «transparent sur ses frais, ses collaborateurs» et son micro-parti, Force républicaine. Elle faisait état de «méthodes de voyou». François Fillon figurait en bonne place dans Pilleurs d’État et Du goudron et des plumes, les deux livres de Philippe Pascot (Max Milo éd.), aux titres explicites. Depuis le Penelopegate, des internautes déterrent les extraits d’articles de presse traitant (dans Le Canard enchaîné, Le Point, Mediapart, L’Observatoire des subventions, &c.) des libéralités que François Fillon s’accordait en ordonnançant ses penchants charitables.

C’est édifiant. Le Penolopegate n’est que vétille en regard du Fillongate.

L’austère dispendieux

Rien de paradoxal chez François Fillon : pour faire des riches, il faut des pauvres, auxquels serrer la ceinture pour magnifier son train de vie. Dès 2009, la presse (Canard en tête) faisait état des réaménagements de son appartement de fonction. Il passe de 78 à 309 m². Surtout, pour que le locataire de Matignon puisse s’entourer d’obligés, et jouir de diverses commodités, il faisait imputer aux budgets d’autres ministères les menues dépenses de ses menus plaisirs à la carte étendue. Lesquels budgets rétribuaient une quarantaine des 62 membres de son cabinet, puis 49 sur 72, et au final, 230 fonctionnaires.

Ses voyages étaient réglés par les Affaires étrangères, et pour les trajets Sablé-Paris, le Falcon était mis gracieusement à disposition par la Défense. Il y en avait pour plus d’un million d’euros annuels en trajets familiaux ou solo. Embarquant Alain Juppé pour inaugurer le TGV-Est, le Falcon se pose à Nancy ; le moyenne vitesse fait halte une demi-heure, et les ministres se mêlent aux voyageurs «ordinaires».

Ils n’allaient pas revenir, en 2h20, de Strasbourg à Paris, en train comme le vulgaire. En août 2008, Matignon claquait 120 000 euros pour remplacer une Peugeot 607 pour une Citroën blindée Kevlar. Par la suite, redevenu député, il cumulera ses indemnités et 86 000€ de dotation publique pour le consoler de la perte de son portefeuille.

À cette bagatelle s’ajoute la rétribution d’un secrétaire, d’un chauffeur, et de la prise en charge des frais afférents à un véhicule de… fonction d’ex-Premier ministre. De quoi battre campagne. On comprend mieux comment le candidat à la primaire a pu si longtemps sillonner, canvasser, labourer le territoire électoral et assurer la promotion de son livre dans les librairies provinciales. De plus, il encaissera, lui ou un autre, 16 millions d’euros de remboursement de frais de campagne au lendemain du premier tour de la présidentielle. Irréprochable, tout à fait légal. Fillongate, Penelopegate, familygate... Nicolas Sarkozy était soufflé, ahuri, sidéré par le culot de son ministre. Il faut comprendre.

Carla Bruni n'a guère besoin de gonfler sa retraite complémentaire, contrairement à Penelope Fillon. Les sarkozystes de base, écartelés entre l'envie de conspuer la presse «qui salit tout» et de s'en servir contre Fillon, comptent les points.